Un pre-print est une contribution scientifique non validée par les pairs, qui peut être destinée à la publication (mais ce n’est pas une obligation). Les initiatives autour des pre-prints se multiplient ; Philip Bourne, Jessica Polka, Ronald Vale et Robert Kiley présentent en 10 points l’intérêt des pre-prints aujourd’hui :
Les pre-prints accélèrent la diffusion des connaissances : ils permettent de s’affranchir des délais longs de la publication (comptez en moyenne 9 mois entre la soumission et la publication d’un article dans une revue).
Les pre-prints rendent possible une science ouverte (« open science ») et améliorent la communication scientifique : ils ne sont pas soumis aux contraintes du copyright et leur consultation n’est pas restreinte, ils peuvent être fouillés par des programmes informatiques.
Les pre-prints fournissent du contenu scientifique qui serait perdu sans cela : un sujet qui n’a pas trouvé son public au moment où il a été traité, les travaux d’un étudiant ayant changé d’établissement, des résultats négatifs : ces contenus ne seront pas forcément publiés dans une revue, ils peuvent néanmoins servir à la communauté. « Oui mais ils ne sont pas validés ! » – certes, mais ni plus ni moins que les échanges dans les congrès, ou les blogs scientifiques…
Les pre-prints ne sont pas synonymes de mauvaise qualité : ce sont des contributions diffusées publiquement, qui peuvent être citées, et mettent en jeu la réputation de leurs auteurs, qui ont donc tout intérêt à diffuser des contenus de qualité – c’est en tout cas ce que l’on constate sur arxiv et biorxiv.
Les pre-prints permettent une évaluation rapide des résultats controversés : leur diffusion publique permet la discussion, le repérage des erreurs, la correction des données. Les NIH ont ainsi pu obtenir une vision très complète et très documentée de résultats controversés.
Les pre-prints n’empêchent pas forcément la publication : au vu de cette liste des politiques éditoriales concernant les pre-prints, on constate que peu d’éditeurs refusent des contributions au motif qu’elles ont déjà été déposées sur un serveur de pre-prints. La tendance est même plutôt à l’ouverture aux pre-prints, avec le développement de passerelles entre les serveurs de pre-prints et les outils de soumission aux revues, et d’epi-revues.
Les pre-prints ne mènent pas au plagiat : l’exemple d’arxiv montre que la communauté s’autorégule : des comportements plagiaires ne sont pas tolérés.
Les pre-prints permettent d’enregistrer la priorité : les contenus sont horodatés et publics, garantissant la paternité de leur auteur et leur antériorité dès leur dépôt, ce que ne permettent pas les revues, en raison de la validation par les pairs encore le plus souvent « fermée » et des délais de publication.
Les pre-prints peuvent appuyer les demandes de financement et l’avancement de carrière : les délais de publication sont un handicap, mieux vaut un dossier de financement avec des pre-prints disponibles en texte intégral immédiatement, c’est en tout cas ce qu’indique le fait que les organismes de financement, qui incluent de plus en plus l’intégration des pre-prints dans leurs politiques de subventionnement de la recherche. Concernant l’avancement, on peut imaginer qu’un pre-print assumé par son auteur aurait autant de poids que d’autres publications dans le processus d’évaluation.
Les pre-prints s’adaptent aux usages de leurs communautés : biorxiv par exemple n’accepte pas les papiers comportant des données sur des sujets humains, qui posent des questions d’ordre éthique, juridique et social.
Ten simple rules for considering preprints, disponible sur PEERJ Preprints.
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