Archive for the 'Open Access' Category

La RRS en action

Il me semblait avoir déjà évoqué la Rights Retention Strategy de la cOAlition S, mais non. Il s’agit du dispositif promu par la Coalition pour arriver à respecter les principes du Plan S : pour faire court, l’objectif de la RRS est de permettre aux auteurs d’exercer les droits qu’ils possèdent sur leurs manuscrits afin de déposer une copie de leur article accepté pour publication (MAA) dans une archive ouverte, et de fait, d’y donner un accès immédiat. C’est bien la notion d’immédiateté qui est importante ici : le MAA peut la plupart du temps être déposé sur une archive ouverte, mais souvent avec une période d’embargo d’au moins 6 mois. Concrètement, la RRS se matérialise par l’ajout sur le MAA d’une licence CC et d’une mention du type : « À des fins de libre accès, une licence CC-BY a été appliquée par les auteurs au présent document et le sera à toute version ultérieure jusqu’au manuscrit auteur accepté pour publication résultant de cette soumission. » dans les remerciements.

Ross Mounce, directeur des projets OA de la fondation Arcadia, a examiné un corpus de plus de 500 articles, conférences et chapitres d’ouvrage suivant les recommandations de la RRS mise en avant par la coalition S pour atteindre un accès ouvert immédiat. Il constate que tous les « gros » éditeurs jouent le jeu et autorisent le dépôt immédiat des manuscrits validés pour publication (ie AAM ou MAA ou postprint) dans une archive ouverte sous licence CC-BY, et cela indépendamment de la discipline (il cite l’exemple d’une revue d’histoire). Et il ajoute que la mise à disposition des articles dans des archives ouvertes sous licence CC facilite leur réutilisation en général, et sur Wikipedia en particulier, ce qui contribue à en augmenter la visibilité. Plus près de chez nous, Maxence Larrieu, ingénieur de l’Université Paris Cité, a mis en ligne un outil de suivi des publications déposées dans HAL obéissant à cette stratégie : le french RRS monitor, qui référence une centaine d’articles déposés depuis 2021.

Sources :

Renforcement de la politique d’accès ouvert du gouvernement américain

L’Office of science and technology policy (OSTP) de la Maison Blanche vient de mettre à jour la politique gouvernementale de mise à disposition et de diffusion des résultats de la recherche scientifique publique, définie en 2013. Celle-ci concerne désormais toutes les agences de financement de la recherche (et plus seulement les plus importantes), donc aussi celles qui couvrent les SHS, ce qui est nouveau (et promet de nombreuses discussions avec les éditeurs…) ; les agences ont jusqu’à fin 2026 pour la mettre en oeuvre.

Cette nouvelle politique marque la fin des embargos sur les publications : on vise l’OA immédiat, fini les 6 ou 12 mois. A noter, sont concernées les publications avec un auteur ou un co-auteur bénéficiant d’un financement public : pour les collaborations ça risque d’être compliqué – ou au contraire de simplifier les choses… Enfin je dis public, mais c’est fédéral : il va déjà falloir une harmonisation locale entre la politique fédérale et les mandats des universités américaines – on peut supposer que tout le monde va dans le même sens, mais il est toujours possible qu’il y ait des points de friction.

Par « publication », le memorandum entend a minima les articles scientifiques validés par les pairs ; pour les livres et chapitres de livres, et les communications c’est à la discrétion des agences.

Les données de recherche sont prises en compte dans ce dispositif : elles doivent être mises à disposition en même temps que les publications le cas échéant, et faire l’objet de plans de gestions des données. Par ailleurs, les entrepôts de données doivent être conformes aux préconisations du National Science and Technology Council.

Si des frais de publication et/ou des frais de gestion des données « raisonnables » peuvent être intégrés dans les budgets de recherche, la voie verte reste privilégiée : tout doit être déposé dans une archive ouverte ou un entrepôt de données définis par les agences, il ne suffit pas de publier dans une revue OA.

L’accent est également mis sur les questions d’intégrité scientifique : une plus grande transparence sur les affiliations et les financements est demandée pour redonner aux contribuables américains confiance dans la recherche publique ; celle-ci passe entre autres par l’attribution d’identifiants pérennes pour toutes les productions de recherche, y compris les protocoles et les financements.

Bref, une avancée significative pour l’accès ouvert, à saluer, reste à voir comment tout cela va être implémenté : un équivalent à la stratégie de rétention des droits de la Coalition S va-t-il émerger ? Celle-ci en tout cas « se réjouit de travailler avec l’OSTP et d’autres agences de financement afin d’aligner davantage nos politiques en vue de fournir un accès ouvert et immédiat aux résultats de la recherche. »

Sources : OSTP Issues Guidance to Make Federally Funded Research Freely Available Without Delay, Memorandum of the OSTP, Peter Suber, Coalition S welcomes the updated Open Access policy guidance from the White House Office of Science Technology and Policy

Actualités de SPARC Europe, septembre 2020

SPARC Europe a dans sa feuille de route un certain nombre d’activités pour promouvoir l’accès ouvert, je me dis que ça peut être intéressant, à l’occasion, de relayer les livrables produits ici, donc je tente un premier « digest » :

  • SPARC Europe participe au projet Invest in Open, qui s’intéresse au financement des infrastructures de science ouverte. Dans ce cadre, une dizaine d’interviews d’acteurs de la science ouverte sont en cours de réalisation, dont les 2 premiers viennent d’être publiés : il s’agit d’Our Research, l’entreprise derrière Unpaywall et Unsub, et de Redalyc, la plateforme de publication implantée à l’Université autonome de l’Etat du Mexique.
    • Our Research est une entreprise à but non lucratif, qui se finance en répondant à des appels à projet (grants et bourses), auxquels s’ajoutent les contributions des gros utilisateurs du service Unpaywall et depuis peu les abonnements institutionnels à Unsub. La co-fondatrice prévoit de conserver ces sources de financement diversifiées, et souligne la difficulté du positionnement d’Our Research vis à vis des institutions, à cheval entre vendeur et partenaire, mais sans forcément disposer des moyens RH pour gérer la partie commerciale.
    • Redalyc est une structure portée un réseau coopératif d’universités d’Amérique Latine, dont le financement est principalement institutionnel. Le fonctionnement de la plateforme passe aussi par les contributions non financières des universités partenaires, ce qui permet de partager les développements par exemple. L’accès ouvert est vu comme un bien commun, qui permet à la fois de visibiliser la production scientifique de cette région du monde et de professionnaliser les structures qui y participent : l’accent est mis sur le transfert de compétences au sein de la communauté, pour pouvoir rester indépendant des sociétés commerciales, et l’utilisation de l’IA permet de diminuer significativement les coûts de publication. Le fait de ne pas faire partie du « marché » de l’édition scientifique, et de ne pas être reconnu par les dispositifs d’évaluation est un handicap. Redalyc oriente sa stratégie de développement vers un renforcement du modèle « diamant » et vers une ouverture à d’autres régions du monde.

Source : 10 key interviews : insights into the sustainability of open intrastructure services

  • SPARC Europe diffuse ces jours-ci un rapport sur les politiques des éditeurs et des plateformes de diffusion en matière de conservation des droits d’auteur et de licences ouvertes. L’étude, menée à l’été 2020, examine les possibilités de partage et de dépôt sur une archive ouverte des publications, les types de contrats (cession, exclusivité) et de licences, ainsi que l’accessibilité de ces informations pour les auteurs. Elle s’est basée sur les infos disponibles sur les sites de 10 éditeurs (+ échanges pour affiner) et sur les revues OA indexées dans le DOAJ.
    • « Les résultats de l’analyse des dix grands éditeurs universitaires et des revues européennes répertoriées par le DOAJ montrent que les positions politiques actuelles des éditeurs en matière de propriété intellectuelle et de licence ne sont pas encore largement alignées sur les principes du Plan S. » : en effet, il reste encore beaucoup d’articles disponibles en mode hybride (donc pas encore totalement « flippés » par les accords transformants), avec dans la majeure partie des cas un embargo, sans conservation systématique des droits par les auteurs. Le rapport fait des recommandations aux éditeurs, aux organismes financeurs de la recherche, aux institutions de recherche, et aux auteurs, et conclut :
    • « Alors que certains éditeurs affirment que leurs politiques protègent l’auteur contre d’éventuels plagiats ou violations des droits d’auteur ou gèrent les demandes de réutilisation de leur travail, d’autres éditeurs actualisent leurs politiques pour favoriser la démarche d’accès ouvert, en prenant des mesures pour soutenir le changement, ce qui est louable. La communauté de l’OA attend avec impatience qu’un plus grand nombre d’éditeurs adaptent leurs politiques de rétention des droits et d’octroi de licences pour accompagner les auteurs dont ils dépendent. »

Source : Open Access: An Analysis of Publisher Copyright and Licensing Policies in Europe, 2020

[Disclaimer : je suis vice-présidente de SPARC Europe]

[Photo : Mizzou CAFNR]

Europe et science ouverte : rapport de l’OSPP

L’Open Science Policy Platform, comme son nom ne l’indique pas, c’est un groupe d’experts mandatés par la Commission européenne pour la conseiller sur le développement et la mise en place d’une politique de science ouverte au niveau européen. Son action s’est déroulée en 2 phases : 2016-2018 et 2018-2020. La première phase a donné lieu en 2018 à un rapport intermédiaire définissant les 8 priorités mises à l’agenda de la CE concernant la science ouverte, assorties de recommandations :

  • Reconnaissance et incitation
  • Indicateurs et métriques de nouvelle génération
  • Futur de la communication scientifique
  • European open science cloud (EOSC)
  • Données FAIR
  • Intégrité de la recherche
  • Compétences et formation
  • Science citoyenne (ou participative)

Mai 2020, fin de la 2ème phase, le rapport final de l’OSPP est disponible, et c’est une lecture fort intéressante pour voir quels sont les enjeux de science ouverte pour l’Europe. La première partie présente le travail réalisé au cours du deuxième mandat sur les « Practical commitments for implementation », ie les engagements concrets de mise en oeuvre des 8 priorités mentionnées plus haut, analysés au prisme de chaque groupe d’acteurs de la science ouverte : universités, organismes de recherche, financeurs, BU, chercheurs, sociétés savantes, organisations de science citoyenne, éditeurs. 2 actions transverses ont également été lancées : la création de l’Open registry (voir plus bas) et du CoNOSC, le conseil des coordonnateurs nationaux de la science ouverte. 

La deuxième partie donne un état d’avancement synthétique des recommandations, et liste les barrières à la mise en place des recommandations selon chaque type d’acteur (sans surprise et à des degrés divers : les financements, la formation, le mode d’évaluation, la réglementation sur le copyright, les modèles économiques, l’absence de politiques et/ou d’infrastructures). On trouve également en annexe A la position de chaque communauté vis à vis des 8 grands thèmes.  

La troisième partie définit les contours d’une politique de recherche basée sur le partage des connaissances pour 2030, selon 5 axes :

  • Une structure de carrière universitaire qui récompense un large éventail de résultats, de pratiques et de comportements afin de maximiser les contributions à un système de partage des connaissances en matière de recherche : une première action est la création, sous l’égide de la RDA, d’une plateforme collaborative de signalement (« Open registry ») des initiatives, projets, résultats et autres pilotes portant sur le dispositif de reconnaissance universitaire (et/via l’utilisation responsable des métriques).
  • Une recherche fiable, transparente et intègre : elle passerait par l’organisation de workshops pour établir des standards en matière d’intégrité de la recherche au sein de la communauté
  • Une recherche propice à l’innovation : avec des politiques claires concernant la réutilisation des connaissances et des technologies dans un contexte compétitif, une infrastructure rassemblant outils et services (EOSC oui mais pas d’infrastructure technique suffisante à ce stade), un cadre réglementaire clair, notamment pour ce qui est de la propriété intellectuelle – je cite « L’équilibre entre l’ouverture des données et la protection des droits de propriété intellectuelle doit être conforme au principe « aussi ouvert que possible, aussi fermé que nécessaire ». Et aussi un marché transparent (inclusif pour le secteur économique, notamment les PME) et une recherche basée sur la réciprocité (avec des politiques en matière de propriété intellectuelle permettant de maintenir la plus-value économique à l’intérieur des frontières de l’Europe)
  • Une culture de la recherche ouverte à la diversité et à l’égalité des chances
  • Une politique et des pratiques de recherche basées sur la preuve (« evidence-based policy and practices ») : soutien à une stratégie de « recherche sur la recherche » 

L’articulation entre science ouverte et propriété intellectuelle semble être le sujet du moment, chose qui ne m’avait pas parue si prégnante à la lecture du premier rapport : « Le juste équilibre entre la science ouverte, le potentiel d’optimisation de l’utilisation et de la réutilisation des données et des résultats de la recherche, les droits de propriété intellectuelle et la compétitivité des entreprises privées doit être encouragé et devenir un élément central du prochain cycle de discussions sur l’avenir d’un système de partage des connaissances en matière de recherche. Il existe des limites à l’ouverture et celles-ci doivent être reconnues et prises en compte à mesure que le système évolue. »

Consensus sur les prédateurs

Un groupe de chercheurs internationaux (et beaucoup canadiens) s’est trituré les méninges pour arriver à une définition des revues et éditeurs prédateurs, publiée fin 2019 dans Nature sous le titre « Predatory journals : no definition, no offence » : « La définition consensuelle à laquelle nous sommes parvenus était la suivante : « Les revues et les éditeurs prédateurs sont des entités qui privilégient l’intérêt personnel au détriment de la recherche et se caractérisent par des informations fausses ou trompeuses, un non-respect des bonnes pratiques éditoriales et de publication, un manque de transparence et/ou l’utilisation de pratiques de démarchage agressives et sans discernement. »

Les membres de ce groupe informel soulignent la difficulté d’arriver à un consensus ; ils avouent avoir laissé de côté certains critères jugés trop subjectifs, comme l’intention de tromper (« intent to deceive ») ou, plus étonnant, l’absence de qualité du peer-review, qui est quand même un élément constitutif des revues prédatrices – apparemment c’est la difficulté à évaluer cette qualité, en raison du manque de transparence du processus de peer-review chez un grand nombre d’éditeurs, qui a abouti à l’exclusion de ce critère.

Certains acteurs de l’open access soulignent que cette définition peut s’appliquer à certains éditeurs reconnus, d’autres que justement les critères retenus sont favorables, comme par hasard, à la revue Nature qui publie l’article, et que les auteurs ne sont pas forcément représentatifs (à part un indien, aucun auteur asiatique, par exemple).

Certes il existe plusieurs listes noires et blanches, gratuites et payantes : celles de Cabell, celle de Beall qui n’est plus mise à jour, celle du DOAJ. Et le site Think. Check. Submit (et son cousin Think. Check. Attend pour les conférences). Mais visiblement cela ne suffit pas pour endiguer le phénomène, au vu de la littérature abondante sur le sujet. Du coup le groupe invite les bonnes volontés à participer à la lutte contre les prédateurs sur son site.

A noter, au passage : les éditeurs prédateurs font feu de tout bois, et utilisent des outils tout à fait respectables pour diffuser leur production : par exemple WASET, un des éditeurs prédateurs les plus connus (pour ses revues et ses conférences), dispose de sa propre « communauté » sur Zenodo.

[Photo by Markus Spiske on Unsplash]

LIBER 2019

mdeJ’ai eu la chance d’assister à la conférence LIBER, qui avait lieu cette année au Trinity College, à Dublin. La thématique de cette année, « Research libraries for society« , a fait émerger un volet de la science ouverte que j’ai assez peu vu traité jusqu’ici, en tout cas dans le milieu des BU françaises : celui de la « Citizen science », c’est à dire la science « participative » ou « citoyenne » en bon français. J’ai participé au workshop dédié, qui a donné lieu au lancement du groupe de travail éponyme au sein de Liber – un projet à suivre.
C’était une édition de bonne tenue, trois jours très denses, du coup pas de compte-rendu exhaustif mais quelques notes sur des interventions fort intéressantes :

Are we plan S ready ? Level of compliance at the University of Vienna
Support : https://zenodo.org/record/3258038
L’université de Vienne est une grosse université (90 000 FTE), avec un service OA dédié, en charge de l’archive ouverte, de la gestion des accords et des fonds pour le financement de la publication en gold OA, du conseil et de l’accompagnement des publiants. Elle a conclu des accords transformants avec des éditeurs traditionnels et avec des pure players de l’édition OA.
Un accord transformant, c’est :

  • un accord entre les éditeurs et les financeurs/les institutions

  • dont l’objectif est la transition des revues vers une diffusion entièrement OA

  • avec un passage du modèle de l’abonnement (on paye pour lire) à un modèle prenant en compte le volume de publication (on paye pour publier)

Les bibliothécaires ont cherché à savoir dans quelle mesure les accords transformants sont-ils compatibles avec le plan S. Pour ce faire, ils ont analysé le champs ‘financement’ des publications des enseignants-chercheurs autrichiens extraites du WoS et de Scopus sur l’année 2017, en regardant celles publiées dans des revues participant à un accord transformant et dans des revues présentes dans le DOAJ.
Résultats : 57% des publis sont disponibles sur des plateformes compatibles avec le plan S (+ 5% en cours de négociation), les 38% restants étant publié dans des revues sur abonnement (majoritairement chez Elsevier), sans accord négocié.
Difficultés rencontrées :

  • Financement de la publication en OA : le fait d’être à coût neutre reste une sorte de Graal, qui n’est pas facile à définir (notion de chiffre d’affaire historique, volume de publications, volume d’APC déjà payés) ; les bibliothécaires pointent par ailleurs la nécessité de trouver des sources de financement complémentaires pour payer l’OA gold (mais pas de piste évoquée), ainsi  que leurs inquiétudes face aux éditeurs qui augmentent leurs revenus avec les APC, sans qu’il y ait une compensation sur la dépense en abonnements.

En conclusion : être compatible avec le plan S n’est pas impossible, mais nécessite un mix entre la voie verte et la voie dorée. Je note aussi l’intérêt des accords transformants, dont on n’a pas encore vraiment fait l’expérience en France (à part avec EDP Sciences, mais je n’ai pas encore vu de retours de ce type sur cet accord).

Is the library open ? Correlating public access to academic libraries with open access support
Support : https://zenodo.org/record/3258040
Il s’agit d’une initiative originale menée par COKI (Curtin Open Knowledge Initiative), une équipe pluridisciplinaires hébergée par le Centre de culture et de technologie de l’université de Curtin, Australie. L’équipe a voulu savoir, en gros, si les campus étaient « ouverts », et dans quelle mesure, en prenant l’ouverture des bibliothèques comme représentative du niveau d’ouverture des campus ; l’idée est de regarder si l’accès physique à la BU est cohérent avec les politiques OA de l’institution.
A partir d’un set de 20 institutions, de tous les continents, on met en parallèle les catégories d’usagers et les droits qui leur sont alloués dans les BU : accès physique, prêt, consultation sur place, impression, accès aux ressources électroniques sur place, wifi, accès à des ordinateurs, aide d’un bibliothécaire, PEB, accès aux ressources électronique distant. On regarde aussi les coûts pratiqués pour les extérieurs – plusieurs raisons à ces coûts : compensation, financement supplémentaire, moyen de gestion de la demande (mais est-ce que les BU dont l’accès est gratuit sont forcément mieux financées ?). On regarde ensuite les informations disponibles sur le web public, on agrège les politiques OA, la présence d’une archive ouverte, d’un fonds de financement pour les APC, l’absence de restriction à l’accès physique aux BU, l’absence de coût pour cet accès pour déterminer des scores pour chaque établissement étudié.
Résultats :

  • Les politiques OA sont généralement plus « open » que les politiques d’accès physique aux BU

  • On note pas mal de disparités entre les 2 dimensions

  • Intéressant graphique sur la répartition par région du monde entre green et gold

  • Importance d’une bonne communication, claire sur les politiques d’accès

C’est un travail qui se poursuit, l’équipe compte à terme inviter les BU à examiner leurs propres données, et inclure d’autres établissements dans son étude.

Deep green – Open access transformation
Support : https://zenodo.org/record/3258069
Comment alimenter les AO en contenus ? C’est la question que tout le monde se pose, et à laquelle les bibliothécaires allemands répondent avec Deep Green. Ils partent du principe que les éditeurs ont les métadonnées qui vont bien. L’objectif du projet est donc d’alimenter les archives ouvertes avec du contenu produit par les éditeurs, en tenant compte des accords négociés et des politiques éditoriales, et ce de la façon la plus automatisée possible.
Comment ça marche ?

  • Les éditeurs déposent leurs métadonnées et leur texte intégral sur un serveur FTP

  • Deep Green fait la correspondance des affiliations (c’est le plus compliqué)

  • Deep Green livre les métadonnées et le texte intégral aux AO (via des API, SWORD, OAI-PMH)

L’infrastructure technique est open source (github) ; une version beta est prévue à l’été 2019 ; les éditeurs participants pour la première phase sont : Karger, Sage, Frontiers, BMJ, De Gruyter, MDPI + 30 archives ouvertes

Atouts : coopération avec les éditeurs + fort intérêt des institutions universitaires allemandes
Difficultés : trouver les droits de diffusion en OA, récupérer les métadonnées auprès des éditeurs. La négociation avec les éditeurs est chronophage et parfois onéreuse. Ils proposent d’ailleurs d’inclure la fourniture des métadonnées dans les négociations de façon plus systématique, y compris pour la version de référence des articles (« version of record »). La qualité des métadonnées n’est pas toujours au rendez-vous, il faudrait définir un standard de métadonnées.
Et après ? Il aimeraient étendre le système à d’autres types de documents (les ebooks sont prévus), et surtout aux pays voisins, et créer un réseau de Deep Greens – Je note qu’en France le fait d’avoir HAL nous faciliterait les choses (vu qu’on n’aurait qu’un seul tuyau à brancher, en quelque sorte), contrairement à la plupart des autres pays européens où chaque institution a sa propre archive.

Tous les supports sont disponibles sur Zenodo, ainsi que les enregistrements audio et/ou vidéo ; si vous avez un peu de temps, ça vaut le coup de s’y plonger.

[Photo : @marlened – évidemment, impossible d’aller à Dublin sans visiter The long room, « la » salle de lecture archétypale des bibliothèques. Et c’est vrai que c’est impressionnant !]

Les évolutions du plan S (en 20 points)

2943090657_2fcb658a44_oSPARC Europe a publié sur son site un rapport sur les changements dans le plan S suite à la consultation publique (dont l’ensemble des contributions vient d’être rendue publique sur Zenodo) sur le guide d’implémentation dudit plan. Voici une traduction du résumé du rapport, pour se faire une idée des principales évolutions du Plan S.

Résumé des 20 changements majeurs du Plan S

  1. La date d’entrée en vigueur a été reportée d’un an à 2021. La cOAlition S encourage ses membres financeurs à mettre en œuvre les principes du Plan S pour toutes les subventions octroyées à partir de janvier 2021, en fournissant maintenant des instructions claires sur le moment et la manière dont ces principes doivent être appliqués.
  2. Le Plan S aborde la question de l’accès ouvert (Open Access) à la recherche issue non seulement des subventions publiques mais aussi des subventions privées, élargissant ainsi la portée des contenus potentiels à “libérer” en OA. La nouvelle version de ce principe du plan S s’adresse à un éventail plus large de types de financeurs, y compris les conseils de recherche et les organismes de financement internationaux, nationaux et régionaux.
  3. Le principe fondamental, ainsi que certains autres critères du plan S incluent maintenant les archives ouvertes comme un lieu de dépôt en accès ouvert immédiat et sans embargo, au même titre que les revues et plateformes en accès ouvert. L’ancien critère consacré aux archives ouvertes devient de fait superflu.
  4. La cOAlition S procède actuellement à une analyse des écarts entre les disciplines afin d’accroître la part des revues ou des plates-formes en accès ouvert. La cOAlition S élaborera des mesures incitatives pour la constitution de nouvelles revues et plates-formes dans les domaines où des besoins et des écarts existent.
  5. La cOAlition S examinera plus en détail les risques transitoires portés par l’accès ouvert perçus par les sociétés savantes.
  6. La cOAlition S définit plus clairement la notion de plate-forme en accès ouvert, qui ne regroupe pas ou ne republie pas des documents déjà publiés, par exemple Wellcome Open Research ou Gates Open Research.
  7. Les auteurs ou leurs institutions doivent conserver leurs droits d’auteur sans avoir à payer de frais supplémentaires. La cOAlition S a également l’intention de fournir des mécanismes à l’appui en développant ou en adoptant un modèle de « licence de publication » pour leurs bénéficiaires, afin de s’assurer qu’aucun auteur n’ait besoin de négocier individuellement avec les éditeurs pour diffuser un article en accès ouvert. Les « licences de publication » accordées aux éditeurs doivent désormais garantir qu’un auteur ou une institution peut, dès la publication, mettre à disposition la version de reference (version of record, VoR), le manuscrit accepté de l’auteur (author accepted manuscript, AAM) ou les deux versions sous une licence ouverte via archive ouverte.
  8. La cOAlition S s’engage également à s’assurer que les auteurs ou les institutions conservent le droit d’auteur et le droit de mettre immédiatement à disposition une version de l’article (soit la version de référence (VoR), soit le manuscrit accepté de l’auteur (AAM) soit les deux) sous licence ouverte en le précisant dans leurs contrats ou accords de financement – si possible.

Le dépôt du manuscrit accepté de l’auteur ou de la version de reference dans une archive ouverte constitue désormais le seul moyen d’assurer la conformité des publications dans des revues sur abonnement qui ne font pas l’objet d’accords transformants.

  1. La cOAlition S exige maintenant que la licence CC BY 4.0 soit l’option par défaut pour les articles, les alternatives secondaires étant la licence CC BY-SA 4.0 et la liecence CC0. Il autorise également la licence CC BY- ND sur demande justifiée par le bénéficiaire de la subvention.
  2. La demande de normalisation et de plafonnement des APC a été atténuée par les nouveaux critères. Elle a été remplacée par des demandes de mécanismes de tarification équitable par rapport au service offert et favorisant une plus grande transparence en matière de coûts. Ceux-ci peuvent être normalisés et plafonnés à l’avenir si des niveaux de prix déraisonnables sont observés.

La cOAlition S s’efforcera également d’obtenir la transparence sur la tarification de divers services tels que la sélection, l’examen par les pairs, le travail éditorial et la correction pour établir des prix de publication équitables. Il sera demandé aux éditeurs de fournir une ventilation des prix au niveau de l’éditeur, et si possible au niveau de la revue.

Pour plus de transparence, « La revue ou la plateforme doit fournir, sur son site Web, une description détaillée de ses politiques éditoriales et de ses processus décisionnels. En outre, des statistiques de base doivent être publiées au moins une fois par an, portant notamment sur le nombre de soumissions, le nombre de validations demandées, le nombre de validations reçues, le taux d’approbation et le délai moyen entre la soumission et la publication. »

La cOAlition S cherche également à encourager les gouvernements, les universités, les organismes de recherche, les bibliothèques, les académies et les sociétés savantes à aligner leurs stratégies, politiques et pratiques pour assurer la transparence.

  1. La cOAlition S réitère son soutien aux modèles sans APC et à une vaste gamme de plates-formes innovantes d’accès ouvert ainsi qu’à d’autres mécanismes bien établis de mise en œuvre immédiate de l’accès ouvert, et envisage d’apporter un soutien financier collectif en cas de besoin.
  2. La cOAlition S mène une action concertée pour limiter les coûts de l’accès ouvert pour les chercheurs des pays à revenu intermédiaire et à faible revenue, en élaborant des recommandations pour la réduction et la suppression des frais de publication. En outre, les revues et plateformes doivent prévoir des dérogations et des remises pour ces pays ou pour certains auteurs dont les motivations peuvent être démontrées. Il est important de noter que des statistiques sur les dérogations demandées et accordées doivent également être fournies.

Dans ce contexte, le paiement ou la dispense de frais de publication ne doit en aucun cas influencer la décision éditoriale concernant l’acceptation d’un article.

  1. Bien que les organismes financeurs de la cOAlition S déclarent qu’ils ne soutiennent pas l’édition hybride, le principe de refuser purement et simplement l’édition hybride a été supprimé. Au lieu de cela, les organismes financeurs sont autorisés à soutenir l’édition hybride dans le cadre d’accords de transformation temporaires, tandis que les chercheurs individuels, les institutions de recherche, les autres financeurs et les gouvernements sont invités à ne pas soutenir financièrement l’édition hybride.
  2. Les accords transformants seront soutenus jusqu’à la fin de 2024. La cOAlition S utilisera 3 stratégies : les accords transformants, les modèles d’accords de transition et les revues transformantes. Par exemple, les modèles d’accords de transition aideront les maisons d’édition des sociétés savantes et les petites et moyennes maisons d’édition à passer à un modèle de diffusion en libre accès. De plus, la cOAlition S « ne soutiendra financièrement les accords après le 1er janvier 2021, que lorsqu’ils sont conformes aux recommandations de l’ESAC.”.
  3. Dans le Guide de mise en œuvre, la cOAlition S clarifie précisément ce qu’elle paiera et ce qu’elle ne paiera pas pour ouvrir l’accès à la recherche.
  4. Un nouveau principe a été ajouté, exprimant l’engagement des organismes de financement de cOAlition S à évaluer les résultats de la recherche lors des décisions de financement en fonction de leur valeur intrinsèque, sans tenir compte des métriques des revues comme le facteur impact, le canal de publication ou l’éditeur. Les membres de cOAlition S intégreront ce type de principes à leurs politiques avant janvier 2021.
  5. La cOAlition S reconnaît également « l’importance pour les chercheurs en début de carrière que les institutions employeuses s’engagent à réviser leurs procédures (d’évaluation de la recherche) et à les faire progresser vers une mise en œuvre dans la période transitoire du Plan S”.
  6. Plusieurs des exigences de conformité pour les plates-formes, les revues et les dépôts en accès ouvert ont été revues à la baisse. Plus précisément, les exigences relatives aux archives ouvertes portent principalement sur l’inclusion de métadonnées de format non exclusif interopérables et de haute qualité pour les articles sous licence CC0, d’identifiants pérennes pour les versions déposées, de licences lisibles par machine, d’informations sur le type d’accès ouvert et sur la licence, ainsi que d’information sur les organismes financeurs. Un temps de disponibilité des archives de 99,7% est également demandé.

Les critères fortement recommandés pour les archives ouvertes comprennent : des systèmes de soumission de manuscrits qui supportent à la fois les téléchargements d’auteurs individuels et les téléchargements en masse, le stockage du texte intégral au format JATS XML par exemple, le support d’identifiants pérennes (PID) comme ORCID, des données de citation ouverte (I4OC), des API ouvertes, une conformité à OpenAIRE des métadonnées et QA pour relier le texte intégral aux métadonnées bibliographiques.

Ceux-ci feront l’objet d’une étude en 2024 et pourraient alors devenir obligatoires.

  1. La cOAlition S travaillera avec certains services pour établir des mécanismes de contrôle de la conformité en accès ouvert qui seront définis dans le Guide de mise en œuvre, par exemple le DOAJ, OpenDOAR, SHERPA/RoMEO, ESAC.

La cOAlition S soutiendra également « le développement d’un outil dont les chercheurs pourront se servir pour savoir si leurs lieux de publication respectent les critères ».

  1. D’ici la fin 2024, la cOAlition S aura terminé une évaluation approfondie des conditions, des effets et de l’impact du Plan S, en accordant une attention particulière aux conséquences des accords transformants et de la diffusion en accès ouvert des articles de revue par le dépôt dans une archive ouverte.

On trouve dans le rapport complet plus de détails sur certains des principes du plan S.

[Disclaimer : je fais partie du board de SPARC Europe]

[Photo : Markus Mayer sur Flick / CC-BY-NC-SA]

Vous prendrez bien un petit Barcamp avant de passer à la conférence ?

Marlene’s corner poursuit les collaborations en accueillant un nouvel invité : Romain Féret, chargé de mission Open Access et données de la recherche au SCD de l’université de Lille, qui a bien voulu nous raconter son expérience du Barcamp berlinois organisé en marge de l’Open science conference 2019. Merci à lui.

Je suis allé à la conférence Science Ouverte de Berlin mi-mars pour y présenter un poster sur la démarche d’accompagnement de projets ANR et H2020 mise en place au SCD de l’Université de Lille (voir le poster). La conférence était précédée par un barcamp le lundi : petit retour sur ce qui s’y est dit.

Le Barcamp, c’est quoi ?

Pour les non-initiés, un Barcamp c’est un groupe de participants qui se retrouvent pour échanger sur des sujets choisis collectivement, en lien avec une thématique définie au préalable. Ensuite, on secoue et on voit ce qui se passe. Comme le principe de base est la participation, chacun est responsable de l’intérêt de la journée.

Le Barcamp déroulé et ambiance générale

Nous étions un peu plus de 70 participants à se retrouver dans les bureaux de Wikimedia Allemagne. On démarre la journée par une petite présentation brise-glace. Chacun se présente avec 3 hashtags qui lui correspondent et en profite pour donner son nom et son affiliation institutionnelle. Pour terminer la partie introductive, Claudia Göbel, de l’European citizen science association, fait une présentation sur les sciences participatives. Le Barcamp est divisé en 5 temps de 45 minutes, avec 4 sessions en parallèle, soit un total de 20 sessions. Celles et ceux qui le souhaitent proposent des thèmes, qui sont retenus ou non en fonction de l’intérêt des autres participants. La personne qui a proposé le thème anime les échanges. L’ambiance générale est à la fois studieuse et conviviale. Les échanges se font dans un cadre assez sécurisant. La Friendly space policy m’a semblé respectée. Par ailleurs, l’esprit est constructif : personne ne monopolise la parole, bonne écoute, esprit très horizontal même avec des participants qui ont parfois une certaine notoriété. Cela n’empêche pas un peu de controverse, mais c’est de bon aloi et dans l’esprit du jeu.

Petit compte-rendu des ateliers suivis

J’ai suivi 4 sessions au cours de la journée et j’en ai animé une. Voici un résumé de ce que j’ai retenu des sessions suivies. Il y a un compte-rendu pour chacune des sessions mais il est parfois (très) incomplet.

Participatory research challenges (lien pad)

Session animée par Claudia Göbel sur les sciences participatives. L’échange s’engage sur les freins à lever pour que les sciences participatives se développent. Une des difficultés du côté des chercheurs est que la dimension participative doit être pensée dès la conception de la recherche. Comme cela est rarement le cas, cet aspect de la recherche est souvent vu comme du travail supplémentaire en cours de recherche et la dimension participative n’existe, au mieux, qu’au moment de la dissémination des résultats. Certains participants posent aussi la question de l’indépendance des chercheurs vis-à-vis des communautés qu’ils étudient.

Du côté des participants, citoyens ou acteurs de la société civile, la différence de temporalités avec les chercheurs peut freiner leur engagement dans ce type de processus. Pour les chercheurs, la publication des résultats dans des articles de revues est souvent un préalable à d’autres formes de restitution, tandis que les citoyens et acteurs de la société civile ont des besoins de retour plus immédiats. Le manque de réciprocité de certains chercheurs vis-à-vis des participants à leurs recherches est souligné plusieurs fois. Par exemple, les participants ne sont pas toujours informés de la publication des résultats, ou ils n’ont pas accès aux publications.

Brainstorming on open science activities (lien pad)

Session animée par Helen Brinken (@helenebrinken), du projet Foster, pour échanger sur les activités de soutien à la recherche et la manière d’interagir avec les chercheurs. Parmi les idées : faire identifier un problème aux chercheurs puis les aider à le résoudre ; adopter d’abord une posture d’écoute avant de chercher à les convaincre ; engager les chercheurs dans une relation (« engagement process »). Les pratiques à éviter : dire aux chercheurs ce qu’ils doivent faire, faire des listes de listes, culpabiliser les personnes ayant des pratiques que l’on ne juge pas assez ouvertes.

L’échange s’est poursuivi avec un tour de salle sur les motivations qui ont poussé les uns et les autres à travailler ou à s’engager sur les questions de libre accès. Deux catégories de motivation se dégagent. D’un côté, pour les chercheurs présents cela a souvent démarré par des discussions avec des collègues et la prise de conscience du fonctionnement de l’écosystème éditorial et des inégalités de modalités d’accès à l’information scientifique. D’un autre côté, les personnes en charge de la documentation qui sont venues aux questions de science ouverte dans le cadre de leur parcours professionnel, avec des motivations souvent plus pratiques.

Open science as a library service (lien pad)

Session animée par Christina Riesenweber (@c_riesen) qui prendra prochainement la direction d’une bibliothèque dans laquelle elle aura pour mission de développer les services en lien avec les services à la recherche. Les échanges ont porté sur les services avec lesquels interagir dans une université, les compétences à acquérir pour les personnels de bibliothèque et sur différents exemples de bibliothèques « modèles » en matière de services à la recherche (Edimbourg, Utrecht, Helsinki).

Including open science in project management activities (lien pad)

La session que j’ai animée portait sur l’aide que les services de soutien à la recherche peuvent apporter aux chercheurs pour intégrer une dimension science ouverte à leur projet dès la phase de montage. Cela permet de s’assurer que ces activités soient prises en compte dans l’ensemble de la gestion du projet. Les échanges ont été intéressants, avec notamment le retour d’expérience d’Ivo Grigorov (@OAforClimate) qui est responsable du service de montage de projet de son institution et qui est engagé dans une démarche assez similaire à la nôtre dans le cadre d' »Open Science Clinique », porté au sein du projet Foster (voir le poster présenté à la conférence).

Le constat de départ est que la phase de soumission d’un projet de recherche est le meilleur moment pour mettre en place une démarche science ouverte. Il est par exemple préférable d’expliciter les modalités de partage des données entre les partenaires d’un projet dès son montage. Quand ce n’est pas le cas, cela peut être un sujet de conflit. Si la dimension science ouverte d’un projet est positivement évaluée par l’agence de financement, cela peut aussi être une incitation à la mettre en oeuvre en cours de projet. Yan Wang et Esther Plomp, toutes deux data stewards à Delft, ont commencé à travailler sur ce type de services depuis que les agences de financement néerlandaises ont inséré un paragraphe dédié à la gestion des données dans les trames des dossiers de demande de financement.

Researchers engagement in Open Science (lien pad)

Session animée par quatre des data stewards de l’Université technologique de Delft : Heather Andrews, Nicolas Dintzner, Esther Plomp (@PhDToothFAIRy) et Yan Wang (@yan_wang). La session a principalement porté sur la démarche d’accompagnement à la gestion des données mise en place à l’Université de Delft et la manière dont le travail des data stewards s’articule avec les autres services de la bibliothèque. 

Les data stewards sont répartis dans chacune des facultés de l’université. La bibliothèque coordonne le dispositif, financé par l’université. Les huit data stewards se réunissent une fois par semaine pour coordonner leur travail. Même si les défis rencontrés selon les disciplines ne sont pas les mêmes, cela leur permet de partager leur expertise sur les questions transversales. Les data stewards ne travaillent que sur les données de recherche, et renvoient vers leurs collègues de la bibliothèque sur les questions relevant des autres aspects de la science ouverte. La prise de conscience des enjeux autour des données de recherche par la communauté scientifique de l’Université de Delft entraîne un accroissement de la charge de travail des data stewards, qui ne sont pas assez nombreux pour accompagner l’ensemble des chercheurs. L’importance de travailler de manière coordonnée avec les autres services de l’université a aussi été soulignée.

De l’intérêt de suivre le Barcamp avant d’assister à la conférence

Au-delà de son intérêt intrinsèque, participer au Barcamp a été une bonne manière de préparer la conférence. C’est un moment privilégié pour identifier des interlocuteurs et échanger avec des personnes que l’on croisera au cours des deux jours suivants. C’est aussi l’opportunité de se mettre en position plus active, en particulier lorsqu’on va à un évènement où on connait très peu de collègues. Le Beercamp qui a suivi était aussi une bonne occasion de poursuivre les échanges.

Les plus du Barcamp

La prise de note collaborative, avec un référencement des pads des différentes sessions qui sont accessibles à partir du métapad. Les échanges ont été plus ou moins bien retranscrits mais c’est un bon outil pour garder une trace d’une session tout en s’impliquant pleinement dans les échanges. Par ailleurs, les collègues de Delft ont mis en ligne un article de blog qui rend compte de la quasi totalité des sessions proposées.

L’Open Science radio (@OpenSciRadio) : Konrad Förstner (@konradfoerstner) et Bernd Rupp ont interviewé l’ensemble des animateurs de session au fur et à mesure de l’avancement de la journée. Les podcasts ont été mis en ligne presque immédiatement et sont disponibles sur leur site web. Ils ont récidivé pendant la conférence les deux jours suivants, avec l’aide de Matthias Fromm (@matthiasfromm) et Christina Riesenweber au montage. Un format intéressant pour communiquer sur l’évènement et pour donner envie d’aller creuser le contenu des sessions à partir d’un média plus attrayant que les prises de note rédigées.

Quelle place pour les revues en SHS dans le plan S ?

benjamin-davies-599280-unsplashJan Erik Frantsvåg et Tormod Strømme, des bibliothécaires norvégiens, ont fait une brève étude de la compatibilité du plan S avec les revues du DOAJ. Ils ont analysé 10 des 14 critères du plan concernant les revues pour le corpus des revues du DOAJ. Ces critères sont pour moitié d’ordre politique (licences CC, maintien du copyright aux auteurs, processus de peer review, politique de d’exemption de frais), pour moitié d’ordre technique (usage d’identifiants, archivage, XML, statut OA lisible par les machines).

Leurs conclusions ne semblent pas surprenantes, et incitent à la vigilance en ce qui concerne les modalités d’application du plan S :

  • Les « gros » éditeurs (= ceux qui publient le plus de revues) publient plus de revues en STEM que les petits éditeurs, qui sont majoritaires pour les SHS
  • Le modèle économique du financement par APC est utilisé majoritairement par les revues dans les domaines des STEM, les revues en SHS utilisent d’autres modèles
  • Les revues en SHS remplissent bien les critères politiques, et les revues STEM remplissent bien les critères techniques. On peut imaginer que celles-ci, en étant généralement aux mains de « gros » éditeurs, ont, de fait, plus de possibilités de bénéficier d’une infrastructure plus compatible avec les exigences techniques du plan S
  • Environ 9% des revues du DOAJ répondent à tous les critères du plan S ; la différence entre les revues sans APC (3%) et les revues avec APC (26%) semble indiquer que ces dernières sont favorisées par ce plan. Une raison possible peut être que les APC permettent de financer les développements techniques nécessaires.

Les auteurs terminent par 3 recommandations :

  • Nécessité d’investir dans des plateformes de revues compatibles techniquement avec le plan (ils citent l’exemple d’OJS), pour permettre à davantage de revues d’être présentes
  • Différencier le calendrier de mise en application du plan, pour tenir compte des spécificités des revues sans APC
  • Mettre en place des services de certification des revues, notamment en ce qui concerne les questions de TDM et d’archivage

Frantsvåg, J.E.; Strømme, T.E. Few Open Access Journals are Plan S Compliant. Preprints 2019, 2019010165 (doi: 10.20944/preprints201901.0165.v3).

[Photo by Benjamin Davies on Unsplash]

Trouver des contenus en OA chez Taylor & Francis

ChosenLogo_V02Taylor & Francis est un éditeur pluridisciplinaire anglais, racheté par le groupe Informa il y a quelques années. Son portefeuille comporte plus de 160 revues en open access gold ; l’éditeur propose également un option hybride, Open Select, disponible pour 2500 revues. Pas de liste des APC par revue, mais un « Article Publishing Charges finder » qui indique le coût des APC pour chaque revue. La partie du site consacrée à l’open access est plutôt claire et détaillée.

En recherche standard comme en recherche avancée, aucune fonctionnalité ne permet de restreindre la recherche aux seuls contenus en open access. Il est possible d’affiner les résultats de recherche avec une option  » Only show content I have full access to« , qui ne limite pas aux contenus en OA, et inclut donc les articles en accès libre proposés à la discrétion de l’éditeur (le fameux « bronze OA« ) ; cette option n’apparaît qu’une fois qu’on a lancé une recherche, elle n’est pas proposée par défaut.

Les résultats indiquent, pour chaque item, leur statut OA ou Free au moyen d’un logo qui figure sur la liste des résultats et sur la notice de l’article. Dans l’onglet @licensing on trouve la mention de copyright ou la licence CC appliquée.

Quand on est sur la page d’une revue, il est possible d’afficher, dans la partie « Explore », sous la table des matières du numéro en cours, une sélection d’articles en OA dans un onglet spécifique, à côté des articles les plus cités et des plus lus.

A noter, T&F dispose d’une filiale dédiée à la publication de mégarevues, Cogent OA, qui propose une variante du modèle APC, le modèle Freedom APC : les auteurs sans financement peuvent définir le montant de l’APC qu’ils sont prêts à verser, moyennant un minimum tout de même. Les autres sont invités à payer l’APC standard de 1350$. Le site dispose de son propre moteur de recherche, indépendant de celui de T&F.

En résumé, une plateforme qui facilite plutôt l’accès aux publications en open access.

 


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