Archive for the 'Services innovants' Category

Bilan du pilote de SCOSS

La première campagne de financement participatif institutionnel organisée par SCOSS (présentée dans ce billet) s’est achevée sur un résultat plutôt encourageant : 135 établissements se sont engagés à financer les services sélectionnés, à hauteur de plus d’un million d’euros.

Group of people giving a thumbs up gestureLes points positifs sont nombreux. Tout d’abord cette initiative a commencé à répandre l’idée au sein des bibliothèques académiques et plus largement, des gouvernances des établissements, que les infrastructures de soutien à la science ouverte doivent être financées d’une part, et par la communauté d’autre part, si l’on veut éviter de reproduire les dysfonctionnements du modèle éditorial actuel. La variété et le montant des engagement reçus témoignent d’une prise de conscience réelle par les acteurs de la nécessité de soutenir ces services pour en garantir la pérennité.

Ensuite la campagne pilote a permis d’éprouver la robustesse des choix de gouvernance et des processus de candidature et d’évaluation de SCOSS, qui sont jugés satisfaisants par les services sélectionnés.

La communication enfin, sur le contenu des projets comme sur leur mode de financement, est un élément essentiel du processus, qui doit être fortement investi par les services sélectionnés. Le travail de promotion effectué par SPARC Europe auprès de ses membres et de ses partenaires, a été considérable et salué par les bénéficiaires de la campagne.

Des axes d’amélioration ont également été définis :
– Communication : une clarification de la communication sur le modèle économique est nécessaire, ainsi que des canaux de communication spécifiques, indépendants et complémentaires de ceux de SPARC Europe (twitter, site web)
– Fonctionnement : un forfait fixe sera prélevé sur les contributions reçues pour financer 1 ETP chargé de la coordination du projet ; une convention sera établie entre SCOSS et les services financés, définissant les rôles de chacun.9280354819_d46d7cefe2_o
– Critères de sélection : priorité à la portée globale, internationale des projets candidats, définition par SCOSS d’une liste de domaines pertinents révisée annuellement
– Critères d’évaluation : introduction d’une pondération des critères en fonctions des priorités définies pour l’année
– Montant et gestion de l’engagement : les services sélectionnés seront invités à proposer une tarification adaptée aux différents types d’organismes financeurs d’une part, et à en prévoir les conditions de gestion (comptabilité et facturation) pérenne, éventuellement en passant par une agence d’abonnements.

Des pistes d’élargissement du périmètre de SCOSS se dessinent également : aux établissements qui ne renouvellent pas leurs big deals par exemple, ainsi qu’aux pays moins représentés dans les organismes de soutien à la science ouverte.

Le rapport en VO : Progress report – An evaluation of the SCOSS pilot project

[Photos : Catherine Mosiniak-PaillierMike Cohen]

[Disclaimer : je fais partie du Board de SPARC Europe]

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Prêt d’objets audiovisuels en BU

En début de semaine avait lieu la « Journée du SCD », grand-messe annuelle ou l’on fait le bilan de l’année précédente et la revue des projets en cours ou à venir le matin, et ou l’on peut participer à des ateliers animés par des collègues l’après-midi. Cette année, j’ai suivi un atelier proposé par les collègues du département Sciences (E. Allemand, JP Bouvet-Maréchal et C. Péron), intitulé « Prêt d’objets en BU et réalisation de vidéos » ; c’était inhabituel et intéressant. Et pour une fois que je parle de ce qui se passe dans mon SCD…
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Nous avons commencé par un jeu : « Le juste prix/Le juste prêt ! » 😉 ; il s’agissait pour les participants de deviner le prix de chaque appareil, et le nombre de prêts enregistrés pour l’année 2018. Une façon ludique de présenter l’offre de matériels audio-visuels dans les BU de sciences, ainsi que les enjeux matériels et financiers de ce type de dispositif.
Cette offre s’est construite suite à la mise en place du prêt d’ordinateurs portables lancée à la fin des années 2000, projet piloté par le service TICE de l’époque, et dont le SCD a été partie prenante dès le démarrage, parce que, si il y a bien une chose que nous savons (bien) faire en BU, c’est prêter des choses !
Avec l’évolution du taux d’équipement des étudiants, la baisse des coûts et l’essor des nouveaux modes et outils de consultation, le prêt d’ordinateur a cédé la place au prêt d’autres types de matériels : des camescopes numériques, des tablettes, des vidéoprojecteurs, des liseuses, des souris/claviers sans fil, des calculatrices, des casques, des caméra go-pro, des casques anti-bruit… (voir la liste). L’offre s’adapte aux besoins des étudiants (qui n’ont droit qu’à un certain type de calculatrices aux examens par exemple), et des enseignants, qui demandent de plus en plus à leurs étudiants des rendus sous forme vidéo. Pas besoins de budgets extravagants pour se lancer cependant, on peut tout à fait commencer par proposer une offre de base, avec du matériel pas trop onéreux, puis aller vers une offre « premium », plus sophistiquée.
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L’organisation d’une offre de matériels audiovisuels est une activité collaborative : les achats sont faits avec le service audiovisuel de l’université, qui apporte son expertise technique sur la qualité des matériels, ce qui permet de proposer du matériel solide pour un usage intensif. Les appareils les + prêtés sont les casques audio (1578 prêts en 2018), les calculatrices (791), les casques anti-bruit (434). Les liseuses sont peu prêtées (contrairement aux tablettes), ce qui est sans doute lié à l’offre de contenus (uniquement des oeuvres du domaine public), et surtout à des bibliothécaires…
Côté sécurité, les bibliothécaires comptent sur la prudence de leurs usagers : aucune caution n’est demandée, par contre une signalétique à l’intérieur de chaque sac de matériel prêté en rappelle les conditions d’usage et la valeur de remplacement. Ils constatent peu de casse, mais plutôt parfois des retards dans le retour des prêts (7 jdavours pour tous les matériels ou sur place pour les casques anti-bruit). A noter : il faut prévoir dans l’achat la partie consommables pour une utilisation optimale (des cartes SD notamment).
Nous avons également abordé un usage de ces matériels en lien avec la valorisation des collections : depuis quelques temps, le compte Twitter @biblio_amu met en avant des ouvrages des BU sous forme de capsules vidéo, en complément du travail de valorisation des fonds et des services fait sur les pages Facebook et les comptes Twitter des 5 départements documentaires du SCD. Chaque bibliothécaire a toute latitude sur la réalisation de sa vidéo, qui peut être artisanale ou plus élaborée. Les collègues aimeraient organiser, à terme, un espace dédié, avec du matériel pré-réglé pour une captation de qualité. Nous n’avons pas eu suffisamment de temps pour passer à la pratique, mais les bibliothécaires nous ont donné quelques conseils et outils pour ceux qui souhaitent s’y mettre :
– Un logiciel de prompteur : http://www.freeteleprompter.org/
– Un outil pour insérer des titres, entre autres : https://clipchamp.com/fr/
Nous n’en sommes pas au même niveau que certaines bibliothèques américaines, qui prêtent d’autres types de choses, comme des moules à gâteaux, des outils ou des tensiomètres, ou s’équipent de cinémas ou de véritables studios d’enregistrement ; n’empêche, une offre qui s’adapte aux besoins de ses usagers, même en dehors des champs d’intervention ‘traditionnels’ des BU, c’est plutôt encourageant.
[Merci à Emmanuelle, Caroline et Jean-Philippe de m’avoir permis de partager cette expérience]

Bilan mitigé pour les ERMS

Une enquête du Library Journal sur les attentes des bibliothécaires en matière d’ERM (Electronic Resources Management systems) fait ressortir les priorités suivantes :
Gestion des workflows (suivi du cycle de vie des ressources électroniques)
C’est sans doute la partie la plus difficile à gérer : chaque établissement disposant de spécificités locales, il est difficile de faire entrer ses particularités dans les interfaces standard des systèmes du marché ; les bibliothécaires, souvent obligés de trouver des solutions de contournement, en sont moyennement satisfaits.
Gestion des licences (stockage des informations contractuelles, et diffusion des conditions d’utilisation)
Un bon point pour les solutions existantes, qui permettent toutes de dépouiller les clauses des licences, d’y faire référence et de les diffuser auprès du public, dans l’OPAC par exemple. Un bémol : l’accès aux ressources se faisant via les nouveaux outils de découverte (à la Summon) ne permet pas pour l’instant de récupérer les données de licences.
Gestion des statistiques (récupération et traitement des données)
Malgré l’adoption de SUSHI par un nombre grandissant d’éditeurs, son utilisation n’est pas universelle, et son intégration dans les outils du marché met du temps à arriver. Les bibliothécaires ont donc toujours une bonne partie des données à traiter manuellement.
Stockage des infos d’administration (identifiants d’accès à l’interface administrateur)
Un autre bon point pour la centralisation des urls, identifiants, et informations de contact qui, malgré une saisie manuelle, permet un gain de temps certain en fonctionnement courant.
Gestion des acquisitions (infos budgétaires et comptables, facturation)
C’est une demande forte des bibliothécaires, qui doivent rendre des comptes aux tutelles, et qui ne sont pas satisfaits par les outils existants. Le calcul du coût à l’usage, une analyse chronologique des dépenses s’avèrent difficiles voire impossible à obtenir. Il reste du pain sur la planche aux éditeurs de ce côté.
Interopérabilité (alimentation automatisée du système, transfert vers d’autres applications)
Gros échec pour les répondants à l’enquête du LJ que celui de l’interopérabilité. Que ce soit avec les SIGB, les résolveurs de liens ou les interfaces publiques, rien n’est intégré, la compatibilité ne va pas de soi. La faute aux standards, toujours émergents, pas encore achevés ou adoptés malgré les groupes de travail collaborant sur ces sujets. Avec pour conséquence une augmentation de la charge du travail de mise à jour, multipliée par le nombre d’outils utilisés par la bibliothèque, qui ne communiquent pas entre eux.
Du coup, beaucoup observent avec attention Web-scale management service (WMS), la solution de gestion « dans les nuages » d’OCLC, qui promet, outre la gestion des collections physiques, une gestion des accès et des modèles économiques spécifiques aux ressources électroniques. Et du coup une interopérabilité certaine entre tous ses produits…
[photo : vince viloria]

Citer mieux

Citer, c’est faire référence à la publication de quelqu’un d’autre depuis son propre texte. Faire un lien entre 2 textes. Soit. Mais souvent le lien n’est pas d’une évidence absolue, il est dé-contextualisé : CiTO (Citation Typing Ontology) propose d’y remédier. Il s’agit d’une ontologie qui décrit les relations entre un document et une référence citée – lesdits documents et références concernés étant des articles scientifiques et tout type de travail universitaire -, et permet de les exposer sur le web sémantique (merci aux spécialistes de me corriger si je dis des bêtises). Ce qui permet, par exemple, de définir que l’auteur de l’article A cite l’article B pour exprimer son désaccord avec ce qui est dit dans cet article, ou bien que l’article C est cité  en tant que preuve dans l’article B, etc. Ce n’est qu’une petite partie de ce à quoi peut servir CiTO, une présentation plus détaillée est disponible dans cet article du Journal of biomedical semantics. Et il existe depuis peu une extension qui permet d’insérer des citations dans des billets de blog avec WordPress, Link to Link, qui intègre les relations définies par CiTO.

A l’origine de CiTO, David Shotton, un enseignant du département de zoologie de l’université d’Oxford. Link to Link est développé par Martin Fenner, médecin et chercheur en cancérologie à Hannovre. Il semble que les auteurs sont en train de prendre l’amélioration de leur « citabilité » en main. Et pourquoi pas ? #justdoit

[photo : linkogecko]

Libguides, pourquoi s’en passer ?

Marlene’s corner accueille aujourd’hui un contributeur de choix en la personne de Julien Sicot (@jsicot), IGE au SCD de Rennes 2. Il nous présente Libguides, une solution hébergée de création de guides thématiques, qui nous montre que non, la bibliothèque numérique ne se résume pas à fournir à l’usager d’insipides listes de signets, et que oui, nous disposons désormais de véritables outils d’aide à la médiation numérique, en somme.

À la frontière entre Content Management System (ex : WordPress) et Learning Management System (ex : Moodle), Libguides est une application full web développée par la société SpringShare, spécifiquement pour les bibliothèques académiques, afin de concevoir et diffuser en ligne des guides thématiques en direction de leur public. Ce produit dispose d’une large communauté d’utilisateurs : près de 1200 bibliothèques (parmi lesquelles Cornell University Libraries, et MIT Libraries), réparties dans 25 pays, pour un total de 18 000 contributeurs et 82 000 guides publiés. Basée sur un système d’abonnement annuel, cette solution « clés en mains » et peu onéreuse, propose de nombreuses options de personnalisation, permettant de l’intégrer au système d’information de l’établissement.

Libguides s’appuie sur un système d’édition décentralisé souple et flexible, qui facilite la mise à jour, le partage et la réutilisation des contenus. Il permet de fédérer un véritable réseau de rédacteurs, ce qui en fait une solution de choix pour des projets multi-établissements. L’outil dispose, en effet, d’une bonne gestion multi utilisateurs (plusieurs rôles peuvent être définis : administrateur, auteur, contributeur, etc.) et d’un workflow simple de publication (guide non publié, publié, privé, etc.). Le système d’édition est le véritable point fort : il s’avère convivial et intuitif et s’adapte parfaitement à des utilisateurs “occasionnels”. Il est basé sur un éditeur WYSIWYG associé à un système d’onglets et de boîtes à la Netvibes. L’actualisation des contenus est facilitée par deux modules : un vérificateur de liens morts et un bookmarklet (similaire à delicious) qui permet de poster, depuis son navigateur et à n’importe quel moment, du contenu dans un de ses guides.

Autre qualité, Libguides est construit comme une immense base de connaissances : chaque contenu, texte ou lien créé dans un guide est potentiellement réutilisable dans un autre ; il est ainsi possible de cloner tout ou partie d’un guide pour en créer ou en alimenter un nouveau. Ce dispositif peut s’étendre à l’ensemble des bibliothèques abonnées… Imaginez un peu le potentiel d’un tel outil si plusieurs établissements francophones souscrivaient à Libguides !

Libguides offre en outre une forte expérience utilisateur : les guides sont imbriqués et reliés les uns aux autres, permettant à l’usager une multitude de points d’accès aux ressources. Ainsi, il peut, dès la page d’accueil, accéder aux guides par liste alphabétique, par sujets, par nuage de tags, par questions/réponses, par rédacteur, par guides récents ou populaires, ou bien plus simplement taper sa requête dans le moteur de recherche dédié. De plus, à partir de chaque guide, il est possible de rebondir sur des guides connexes, des questions liées, un thème, un auteur, un tag. De nombreux services et diverses interactions sont également possibles au niveau des guides : s’abonner aux flux des dernières modifications, créer des alertes par courriel, laisser un commentaire, noter des ressources, soumettre des liens, répondre à un sondage…

Libguides tire également pleinement profit des potentialités offertes par le web 2.0 : RSS, tags, intégration de Delicious (partage de signets), dissémination des contenus grâce à l’intégration de Twitter (micro-blogging), ou à l’aide de widgets, imbrication de contenu multimédia (tutoriels animés de type screencast, vidéos Youtube ou présentations Slideshare), widgets de recherche (Google, Google Scholar, etc.). Il est également possible de renseigner les paramètres d’un reverse proxy afin de garantir un accès authentifié aux ressources électroniques.

D’autre part, LibGuides permet de créer des profils pour les rédacteurs/formateurs (photo, domaines de spécialisation, coordonnées, widget de chat, liens vers les guides créés) ce qui apporte une dimension plus  « humaine » au contenu, l’utilisateur pouvant facilement identifier des personnes ressources et les contacter par chat en cas de problème. Libguides peut également être couplé à un service de références en ligne de type questions/réponses appelé LibAnswers, ce dernier offrant des fonctionnalités similaires à QuestionPoint d’OCLC.

Pour finir, Libguides est la solution qui a été adoptée – à la suite de la réalisation d’un comparatif des solutions existantes (Library à la Carte, SubjectsPlus et Libguides, donc) – dans le cadre du projet Form@doct, que je présenterai lors des journées Formist les 3 et 4 juin prochains à l’Enssib.

Bibliothécaires LOL

« L’équipe LOL (Library Outside the Library) de la bibliothèque de l’Université Cornell a pour objectif d’améliorer la visibilité de la bibliothèque et de la rendre accessible en dehors des lieux, des outils et des services traditionnels. Pour mener cette tache à bien, l’équipe trouve, paramètre, diffuse, et évalue des services et outils pour amener la bibliothèque à ses usagers, où qu’ils soient. Et pour remplir sa mission, l’équipe LOL a développé une approche « soft » pour intégrer les pratiques inovantes : elle tire profit des outils existants, en y apportant la personnalisation nécessaire le cas échéant ; elle encourage une culture de l’expérimentation et la volonté de stopper les projets qui ne fonctionnent pas ; enfin, l’équipe n’a pas peur d’adopter les tendances à la mode – après tout, c’est souvent là que se trouvent de nombreux usagers actuellement. Parmi les projets en cours de LOL figurent le développement d’une application pour iphone et une version mobile du site web de la bibliothèque de Cornell, un service de référence par SMS, et le chargement de collections importantes sur Flickr. Certaines de ces initiatives ont connu un succès tel qu’elles ont été intégrées dans les services et les missions de base de la bibliothèque. »

Pour plus de détail sur le fonctionnement de LOL, on peut consulter ces documents présentés lors de la dernière réunion des groupes de travail de la Coalition for Networked Information (CNI).

[photo : KayVee.INC]

TWIL

Non, il ne s’agit pas d’un nouveau réseau social, ni d’un tissu ringard, mais du nouveau « bébé » des Sanachies (Erik Boekesteijn et Jaap Van De Geer), ces bibliothécaires-aventuriers de la bibliothèque de Delft aux Pays-Bas (la fameuse DOK). This Week in Libraries, c’est une émission d’une heure, toutes les semaines, sur le web, qui parle… de bibliothèques bien sûr !

L’émission s’organise autour d’une interview (ont été reçus pour les 2 premiers numéros Bart Drenth, directeur du Sector Instituut Openbare Bibliotheken, et Aat Vos, architecte), et suivra les Sanachies lors de leurs prochains périples : au Canada en avril, et en Australie cet été. Les suggestions sont ouvertes pour les invités des futures émissions, et on peut les suivre sur leur compte twitter. Ils cherchent des sponsors pour financer cette « webTV des bibliothèques » : avis aux entreprises, petites ou grosses, qui passeraient par ici, et voudraient être citées dans les 30 prochaines émissions… TWiL est retransmis en live sur Ustream le vendredi.

PS : La deuxième émission évoque un moment la campagne en cours pour aider les bibliothèques publiques du New-Jersey, dont le budget 2010 doit être amputé… de 74%… Les bibliothécaires se mobilisent sur le site I love NJ libraries (et sur Facebook Save NJ libraries) pour sensibiliser l’opinion publique sur le sort de ces bibliothèques. A suivre.

Bibliothèques et sciences : pertinence ?

Il y a eu un mini-débat, lors de la dernière conférence Science Online 2010, sur les rapports entre enseignants-chercheurs et bibliothécaires, les uns s’étonnant de la présence des autres à une conférence scientifique. Pour Dorothea Salo, bibliothécaire, le fait que les acteurs de la recherche soient si déconnectés des professionnels de l’information, que la pertinence des bibliothèque et des bibliothécaires pour la recherche soit ignorée par ces mêmes acteurs – comme s’il n’y avait pas de lien entre documentation et recherche – est extrêment inquiétant pour les BU, notamment scientifiques.

(J’ai envie d’ajouter que c’est un peu une tendance générale dans les universités, qui bien souvent relèguent sur leur site web les BU dans la rubrique « vie universitaire » ou « formation »… Du reste en France, depuis la LRU, les directeurs de SCD ne font plus partie des membres du Conseil Scientifique ni du Conseil d’Administration de l’université, ils ne participent plus qu’au Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire. Mais je m’égare.)

Dorothea ajoute : « Je vais vous dire une chose : nous ne combleront pas le gouffre [qui nous sépare des chercheurs, ndlt] en restant derrière nos bureaux dans nos bibliothèques. Nous ne le combleront pas dans des conférences de bibliothécaires ou sur l’édition. Nous pourrons peut-être jeter des ponts par dessus ce gouffre grâce à l’électronique, mais nous n’arriverons à rien en restant dans notre coin sur nos petits sites web. »

A cela Martin Fenner, un chercheur en médecine qui s’intéresse aux questions d’édition scientifique (et qui tient le blog Gobbledygook), répond qu’effectivement, les relations entre chercheurs et bibliothécaires se sont raréfiées avec le développement des ressources en ligne, qui ont fortement diminué l’intérêt d’une visite à la bibliothèque. Et que, bien que les bibliothèques aient pris le virage internet, elles n’ont pas su saisir cette opportunité d’adapter leur offre aussi bien que certains éditeurs, qui en ont profité pour créer de nouveaux produits (il cite notamment Faculty of 1000). Résultat : le chercheur visite bien plus souvent Pubmed ou ses revues favorites que la page d’accueil de la BU. Martin propose plusieurs suggestions pour rendre le site de la BU plus attractif :

  • Fournir des outils de gestion des références bibliographiques, et l’assistance qui va avec
  • Proposer de la formation  et des tutoriels en ligne
  • Maintenir une liste à jour des publications des chercheurs de l’institution
  • Participer au dépôt de la production scientifique dans l’archive ouverte de l’institution
  • Aider les chercheurs à soumettre leurs articles pour publication
  • Permettre aux chercheurs de découvrir les nouveaux outils de travail et de communication à leur disposition

Rien de ce qui est dans cette liste ne me choque, bien au contraire : je pense que c’est vers ce type de service que nous devons nous orienter pour faire de la bibliothèque une véritable valeur ajoutée pour l’université.

[photo : Nic’s events ]

JSTOR, trop fort

2632797541_89cafc568b_m.jpgJSTOR est une organisation a but non lucratif dont la principale mission consiste en la numérisation rétrospective d’articles de revues scientifiques, et ce à des fins de conservation et de consultation. Près de 1200 revues, issues de plus de 600 éditeurs, font partie de ce projet. Les articles sont organisés et commercialisés sous la forme de collections thématiques définies ; le modèle tarifaire s’appuie sur un droit d’entrée (qui couvre les frais de numérisation) la première année, auquel s’ajoute ensuite un abonnement annuel (il existe également des abonnements pour les anciens élèves, les « alumni »). Plus de 5500 établissements sont abonnés à une ou plusieurs collections. Cette ressource a pris assez tôt le virage 2.0 ; en effet, elle est présente sur Facebook [page officielle (+ de 38 000 fans), appli de recherche, plus d’une trentaine de groupes, dont JSTOR lovers, I heart JSTOR (+ de 500 membres), I love JSTOR, JSTOR saved my ass, JSTOR appreciation…], sur Twitter, sur YouTube. Côté fonctionnalités, une recherche à facettes est annoncée pour le mois de juillet…

Cette démarche ouverte se poursuit avec JSTOR Showcase, véritable vitrine des projets en cours autour des données et des fonctionnalités de la base, dans laquelle on trouve notamment
Data for Research
: il s’agit d’un outil d’analyse visuelle des résultats des recherches faites sur le corpus de la base. Représentations graphiques, nuages de mots, analyse des citations… Je trouve que ça illustre bien l’idée de faire plus travailler les données (« make the data work harder ») à notre disposition. Il y a aussi une carte animée des usages, la présentation d’un projet d’outil d’annotation collaborative et celle d’un projet de conservation des catalogues de vente.

J’en déduis que les bases de données figées, aux fonctionnalités basiques, non évolutives, ne sont pas une fatalité.

[photo : cosmonautirussi]

La LOC sur Flickr : bilan positif

2163800850_69784c5e9b_m.jpgLa Bibliothèque du Congrès vient de sortir un rapport sur son expérience de diffusion de ses fonds iconographiques sur Flickr. Le bilan qu’il dessine s’avère assez positif : les 3000 photos de départ ont généré en 9 mois plus de 10 millions de connexions, 7166 commentaires et plus de 67000 tags. 79% des photos ont été sélectionnées comme favorites par les utilisateurs de Flickr. Ce qui me semble intéressant, c’est qu’il y a eu une véritable interaction entre la bibliothèque et le site de partage de photos :
2163493250_5057ec80bf_m.jpg– Les licences CC proposées par Flickr ne convenaient pas à la plupart des photos, il y a eu un travail en commun pour aboutir à une nouvelle licence, « No known copyright restrictions » (Aucune retriction de copyright connue)

– Dans la foulée, Flickr a choisi d’étendre l’initiative à d’autres institutions culturelles demandeuses, et ajouté le projet Flickr Commons (Flickr Organismes publics) à son offre

– Côté bibliothèque, l’engouement du public pour le projet a permis d’enrichir les notices du catalogue (plus de 500 à ce jour) de précisions géographiques ou circonstancielles pour de nombreuses photos, et à Flickr de devenir une source de référence pour les catalogueurs.

– La communication autour du projet, largement relayée par la blogosphère et les média traditionnels, a boosté les statistiques des interfaces « officielles » de consultation des images sur le site de la bibliothèque (+ de 60% au premier semestre).

Le rapport préconise de poursuivre le projet, non plus à titre d’expérience, mais comme service officiel, et d’explorer d’autres outils et services du web 2.0.

En résumé, tout ça c’est plutôt une bonne idée, qui n’a pas coûté grand chose à la bibliothèque : un compte Flickr Pro ($24,95), et une charge de travail estimée à un seul ETP, réparti sur une équipe de 7 personnes.
[photos : Library of COngress, bien sûr]


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