Marlene’s corner accueille aujourd’hui un contributeur de choix en la personne de Julien Sicot (@jsicot), IGE au SCD de Rennes 2. Il nous présente Libguides, une solution hébergée de création de guides thématiques, qui nous montre que non, la bibliothèque numérique ne se résume pas à fournir à l’usager d’insipides listes de signets, et que oui, nous disposons désormais de véritables outils d’aide à la médiation numérique, en somme.
À la frontière entre Content Management System (ex : WordPress) et Learning Management System (ex : Moodle), Libguides est une application full web développée par la société SpringShare, spécifiquement pour les bibliothèques académiques, afin de concevoir et diffuser en ligne des guides thématiques en direction de leur public. Ce produit dispose d’une large communauté d’utilisateurs : près de 1200 bibliothèques (parmi lesquelles Cornell University Libraries, et MIT Libraries), réparties dans 25 pays, pour un total de 18 000 contributeurs et 82 000 guides publiés. Basée sur un système d’abonnement annuel, cette solution « clés en mains » et peu onéreuse, propose de nombreuses options de personnalisation, permettant de l’intégrer au système d’information de l’établissement.
Libguides s’appuie sur un système d’édition décentralisé souple et flexible, qui facilite la mise à jour, le partage et la réutilisation des contenus. Il permet de fédérer un véritable réseau de rédacteurs, ce qui en fait une solution de choix pour des projets multi-établissements. L’outil dispose, en effet, d’une bonne gestion multi utilisateurs (plusieurs rôles peuvent être définis : administrateur, auteur, contributeur, etc.) et d’un workflow simple de publication (guide non publié, publié, privé, etc.). Le système d’édition est le véritable point fort : il s’avère convivial et intuitif et s’adapte parfaitement à des utilisateurs “occasionnels”. Il est basé sur un éditeur WYSIWYG associé à un système d’onglets et de boîtes à la Netvibes. L’actualisation des contenus est facilitée par deux modules : un vérificateur de liens morts et un bookmarklet (similaire à delicious) qui permet de poster, depuis son navigateur et à n’importe quel moment, du contenu dans un de ses guides.
Autre qualité, Libguides est construit comme une immense base de connaissances : chaque contenu, texte ou lien créé dans un guide est potentiellement réutilisable dans un autre ; il est ainsi possible de cloner tout ou partie d’un guide pour en créer ou en alimenter un nouveau. Ce dispositif peut s’étendre à l’ensemble des bibliothèques abonnées… Imaginez un peu le potentiel d’un tel outil si plusieurs établissements francophones souscrivaient à Libguides !
Libguides offre en outre une forte expérience utilisateur : les guides sont imbriqués et reliés les uns aux autres, permettant à l’usager une multitude de points d’accès aux ressources. Ainsi, il peut, dès la page d’accueil, accéder aux guides par liste alphabétique, par sujets, par nuage de tags, par questions/réponses, par rédacteur, par guides récents ou populaires, ou bien plus simplement taper sa requête dans le moteur de recherche dédié. De plus, à partir de chaque guide, il est possible de rebondir sur des guides connexes, des questions liées, un thème, un auteur, un tag. De nombreux services et diverses interactions sont également possibles au niveau des guides : s’abonner aux flux des dernières modifications, créer des alertes par courriel, laisser un commentaire, noter des ressources, soumettre des liens, répondre à un sondage…
Libguides tire également pleinement profit des potentialités offertes par le web 2.0 : RSS, tags, intégration de Delicious (partage de signets), dissémination des contenus grâce à l’intégration de Twitter (micro-blogging), ou à l’aide de widgets, imbrication de contenu multimédia (tutoriels animés de type screencast, vidéos Youtube ou présentations Slideshare), widgets de recherche (Google, Google Scholar, etc.). Il est également possible de renseigner les paramètres d’un reverse proxy afin de garantir un accès authentifié aux ressources électroniques.
D’autre part, LibGuides permet de créer des profils pour les rédacteurs/formateurs (photo, domaines de spécialisation, coordonnées, widget de chat, liens vers les guides créés) ce qui apporte une dimension plus « humaine » au contenu, l’utilisateur pouvant facilement identifier des personnes ressources et les contacter par chat en cas de problème. Libguides peut également être couplé à un service de références en ligne de type questions/réponses appelé LibAnswers, ce dernier offrant des fonctionnalités similaires à QuestionPoint d’OCLC.
Pour finir, Libguides est la solution qui a été adoptée – à la suite de la réalisation d’un comparatif des solutions existantes (Library à la Carte, SubjectsPlus et Libguides, donc) – dans le cadre du projet Form@doct, que je présenterai lors des journées Formist les 3 et 4 juin prochains à l’Enssib.
Bonjour
Je voudrais ajouter aux arguments très précis de Julien – sur l’éclatement des contenus – que le projet Formadoct visait deux objectifs qui auraient pu s’avérer contradictoires s’ils n’avaient pas été articulés par une interface adéquate :
Premier objectif : répondre en un minimum de clics à des besoins d’information ponctuels et issus d’univers disciplinaires hétérogènes par des modules pédagogiques (textes, diaporamas, listes de liens, videos, images) courts et pertinents à l’intérieur ces différents univers. Il fallait accrocher des doctorants par nos réponses à la fois pédagogiques et informatives à leurs problèmes documentaires ponctuels, voire occasionnels et strictement liés à leur travail ordinaire de recherche. Par exemple : comment déposer un article dans une archive ouverte ?
Deuxième objectif (ou premier selon les point de vue) donner aussi la possibilité d’explorer plus avant un thème, une question, un problème documentaire (ex : qu’est ce que les archives ouvertes ?). De ce point de vue, il fallait proposer en permanence aux doctorants des développements pertinents à partir de leurs différents point d’entrée quels qu’ils soient, dans la mesure où ils supposent, bien sûr, une compétence informationnelle.
La souplesse de l’outil libguides, sa modularité, sa grande capacité d’intégration et d’agrégation et sutout la multiplicité des possibilités de consultation des contenus, de pliages et dépliages du corpus – axes/thèmes/guides, guides connexes, références, tags, questions – ont permis d’offrir cette double entrée, ou plutôt cette multiplicité de navigation. Dans le même temps elle a réduit sinon fait disparaître ce qui aurait pu opposer les partisans d’un approche structurée de la formation documentaire aux partisans d’un système de questions réponses, tension qui a marqué une étape du projet Formadoct et qui l’a fait nettement avancé.
La grande problématique d’interfaçage des bases de connaissance et des encyclopédies, trouve dans Formadoct à travers libguides des réponses qui dépassent, tout au moins déplacent les réponses et combinaisons d’interfaces habituelles de plan de classement, renvois, index ou bien encore moteurs de recherche sur du texte intégral.
Il faut attendre la suite et surtout l’usage qui en sera fait. Je crois toutefois, qu’il y a là un jalon de posé qui a comme premier intérêt, peut-être, de susciter des projets similaires utilisant d’autres technologies, Drupal, par exemple, 😉 et qui sauront mieux que Formadoct/Libguides, porter un peu plus loin le problème de l’interfaçage de contenus pédagogiques qui nécessitent des parcours à la fois structurés et linéaires, ponctuels, éclatés et déclinés.
Hervé Le Men
Membre de l’équipe projet Formadoct / SCD de l’UBO
Ce qui est moins compréhensible c’est qu’avec toutes les solutions vraiment libres existantes, il faille « tomber » dans ce type de formule qui vous rends captifs et qui se présente comme une nouveauté absolue. Sas aller plus plus loin, on peut développer une solution semblable (et probablement plus performante) avec Drupal et ses innombrables modules, certains conçus spécialement pour un travail documentaire.
Nous avons évalué plusieurs outils open source avant de partir sur Libguides. Notamment,Library à la Carte (conçu par l’Oregon State University Libraries , sur une architecture Ruby On Rails) et SubjectsPlus (développé par Ithaca College Library , sur une architecture LAMP). Pour chacune de ces solutions, nous avons réalisé une maquette et alimenté un comparatif disponible sur Slideshare (http://www.slideshare.net/jsicot/comparatif-solution-de-subject-guides).
Concernant Drupal, c’est, en effet, une solution très souple, extensible et modulable et je suis d’avis qu’il doit être possible de faire quelque chose de similaire à Libguides. Il y a, d’ailleurs, un groupe (http://groups.drupal.org/node/58423) qui planche sur cette question (à l’aide du module Panels) et Simon Fraser University Library utilise cette solution (http://www.lib.sfu.ca/help/subject-guides/) pour ses propres subject Guides.
Toutefois, vous devez savoir qu’Open Source ne signifie pas forcément « gratuit », le choix Drupal aurait nécessité des développements, des paramétrages, de la maintenance supplémentaires. Or le budget de Formadoct n’est pas extensible et les ressources en personnel technique sont assez limitées.
D’autre part, nous avons évalué les coûts liés à un développement sur un CMS (open source) face au système d’abonnement Libguides (sur 6 ans), le résultat c’est que Libguides était relativement moins cher ! (avec des fonctionnalités supplémentaires : un module de statistiques très complet, une API, etc).
Un autre argument vient de la communauté derrière cette application. C’est à la fois un gage de garantie mais aussi une perspective intéressante, car comme indiqué dans le billet, il est possible d’échanger très facilement des contenus, des guides entre différentes instances Libguides.
J’espère que ces différentes explications permettent de mieux comprendre le choix Libguides. Pour finir, cette orientation nous a également permis d’effacer un peu la technique pour nous concentrer sur le contenu.
Nous avons évalué plusieurs outils open source avant de partir sur Libguides. Notamment,Library à la Carte, http://alacarte.library.oregonstate.edu/ (conçu par l’Oregon State University Libraries, http://ica.library.oregonstate.edu/subject-guides/, sur une architecture Ruby On Rails) et SubjectsPlus, http://www.subjectsplus.com/ (développé par Ithaca College Library, http://www.ithacalibrary.com/sp/subjects/index.php, sur une architecture LAMP). Pour chacune de ces solutions, nous avons réalisé une maquette et alimenté un comparatif disponible sur Slideshare (http://www.slideshare.net/jsicot/comparatif-solution-de-subject-guides).
Concernant Drupal, c’est, en effet, une solution très souple, extensible et modulable et je suis d’avis qu’il doit être possible de faire quelque chose de similaire à Libguides. Il y a, d’ailleurs, un groupe (http://groups.drupal.org/node/58423) qui planche sur cette question (à l’aide du module Panels) et Simon Fraser University Library utilise cette solution (http://www.lib.sfu.ca/help/subject-guides/) pour ses propres subject Guides.
Toutefois, vous devez savoir qu’Open Source ne signifie pas forcément « gratuit », le choix Drupal aurait nécessité des développements, des paramétrages, de la maintenance supplémentaires. Or le budget de Formadoct n’est pas extensible et les ressources en personnel technique sont assez limitées.
D’autre part, nous avons évalué les coûts liés à un développement sur un CMS (open source) face au système d’abonnement Libguides (sur 6 ans), le résultat c’est que Libguides était relativement moins cher ! (avec des fonctionnalités supplémentaires : un module de statistiques très complet, une API, etc).
Un autre argument vient de la communauté derrière cette application. C’est à la fois un gage de garantie mais aussi une perspective intéressante, car comme indiqué dans le billet, il est possible d’échanger très facilement des contenus, des guides entre différentes instances Libguides.
J’espère que ces différentes explications permettent de mieux comprendre le choix Libguides. Pour finir, cette orientation nous a également permis d’effacer un peu la technique pour nous concentrer sur le contenu.
Un des inconvénients de Libguides reste la fragmentation du contenu en petites boîtes qui peuvent rendre la lecture finalement plus difficile… De même, je trouve que les onglets sont peu visibles.
Au final, on a souvent l’impression d’une surcharge d’information(Mais je n’ai jamais été à l’aise avec Netvibes non plus, ce qui explique peut-être mes réticences).
Bref, avant de se lancer à corps perdu dans l’outil, il peut être utile de réfléchir au contenu et au public concerné.
@Phelly, J’avoue que je ne suis pas fan de Netvibes, non plus…
Par contre, cette fragmentation peut aussi rendre la lecture plus facile et moins « linéaire ». Dans notre cas, ce découpage, doit permettre au doctorant de viser directement les infos souhaitées ! D’une part, car les onglets (dont l’aspect graphique est modifiable 😉 jouent le rôle de sommaire et évitent ainsi au lecteur de se confronter à des contenus qu’il connait déjà ou qui ne l’intéressent pas. D’autre part, car chaque boîte est présentée sous la forme de question/réponse, elles peuvent ainsi apporter des réponses à des besoins inscrits dans des pratiques plus ponctuelles ou éclatées…
Par rapport au choix de la solution, nous avons, bien entendu, réfléchis à la question des contenus et du public visé (très très longuement :-).
– Comment intéresser un public non-captif (les doctorants) ?
– Pour le contenu, on savait déjà, dans quelles dérives ne pas tomber (cours pour info-doc, viser l’encyclopédie, etc.)
– S’est aussi posée la question de la valeur ajoutée de Form@doct ? Comment faire sans re-faire ?
– Comment apporter un contenu attractif pleinement compatible avec les usages actuels du web ?
Après, il y a un autre critère essentiel à prendre en compte dans ce type de projet : Comment obtenir l’adhésion des Formateurs (rédacteurs) ? Quelle solution sera capable d’encourager, de renforcer et d’accroître la collaboration tout en garantissant une certaine autonomie et liberté dans l’édition des contenus (avec un minimum de compétences techniques exigées) ? Quels retours sur investissement (veille, mutualisation) ?
Combien de référentiels sont morts-nés par faute d’actualisation ? Au moins libguides facilite la mise à jour des guides, le « recyclage » et la réutilisation des contenus.
Encore sans équivalent, cet outil, certe imparfait, à tout de même l’avantage de répondre à pas mal de conditions citées plus haut, c’est pourquoi nous l’avons choisi 😉
Après, on a toujours nos bons vieux powerpoints et nos bases de signets 🙂