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Europe et science ouverte : rapport de l’OSPP

L’Open Science Policy Platform, comme son nom ne l’indique pas, c’est un groupe d’experts mandatés par la Commission européenne pour la conseiller sur le développement et la mise en place d’une politique de science ouverte au niveau européen. Son action s’est déroulée en 2 phases : 2016-2018 et 2018-2020. La première phase a donné lieu en 2018 à un rapport intermédiaire définissant les 8 priorités mises à l’agenda de la CE concernant la science ouverte, assorties de recommandations :

  • Reconnaissance et incitation
  • Indicateurs et métriques de nouvelle génération
  • Futur de la communication scientifique
  • European open science cloud (EOSC)
  • Données FAIR
  • Intégrité de la recherche
  • Compétences et formation
  • Science citoyenne (ou participative)

Mai 2020, fin de la 2ème phase, le rapport final de l’OSPP est disponible, et c’est une lecture fort intéressante pour voir quels sont les enjeux de science ouverte pour l’Europe. La première partie présente le travail réalisé au cours du deuxième mandat sur les « Practical commitments for implementation », ie les engagements concrets de mise en oeuvre des 8 priorités mentionnées plus haut, analysés au prisme de chaque groupe d’acteurs de la science ouverte : universités, organismes de recherche, financeurs, BU, chercheurs, sociétés savantes, organisations de science citoyenne, éditeurs. 2 actions transverses ont également été lancées : la création de l’Open registry (voir plus bas) et du CoNOSC, le conseil des coordonnateurs nationaux de la science ouverte. 

La deuxième partie donne un état d’avancement synthétique des recommandations, et liste les barrières à la mise en place des recommandations selon chaque type d’acteur (sans surprise et à des degrés divers : les financements, la formation, le mode d’évaluation, la réglementation sur le copyright, les modèles économiques, l’absence de politiques et/ou d’infrastructures). On trouve également en annexe A la position de chaque communauté vis à vis des 8 grands thèmes.  

La troisième partie définit les contours d’une politique de recherche basée sur le partage des connaissances pour 2030, selon 5 axes :

  • Une structure de carrière universitaire qui récompense un large éventail de résultats, de pratiques et de comportements afin de maximiser les contributions à un système de partage des connaissances en matière de recherche : une première action est la création, sous l’égide de la RDA, d’une plateforme collaborative de signalement (« Open registry ») des initiatives, projets, résultats et autres pilotes portant sur le dispositif de reconnaissance universitaire (et/via l’utilisation responsable des métriques).
  • Une recherche fiable, transparente et intègre : elle passerait par l’organisation de workshops pour établir des standards en matière d’intégrité de la recherche au sein de la communauté
  • Une recherche propice à l’innovation : avec des politiques claires concernant la réutilisation des connaissances et des technologies dans un contexte compétitif, une infrastructure rassemblant outils et services (EOSC oui mais pas d’infrastructure technique suffisante à ce stade), un cadre réglementaire clair, notamment pour ce qui est de la propriété intellectuelle – je cite « L’équilibre entre l’ouverture des données et la protection des droits de propriété intellectuelle doit être conforme au principe « aussi ouvert que possible, aussi fermé que nécessaire ». Et aussi un marché transparent (inclusif pour le secteur économique, notamment les PME) et une recherche basée sur la réciprocité (avec des politiques en matière de propriété intellectuelle permettant de maintenir la plus-value économique à l’intérieur des frontières de l’Europe)
  • Une culture de la recherche ouverte à la diversité et à l’égalité des chances
  • Une politique et des pratiques de recherche basées sur la preuve (« evidence-based policy and practices ») : soutien à une stratégie de « recherche sur la recherche » 

L’articulation entre science ouverte et propriété intellectuelle semble être le sujet du moment, chose qui ne m’avait pas parue si prégnante à la lecture du premier rapport : « Le juste équilibre entre la science ouverte, le potentiel d’optimisation de l’utilisation et de la réutilisation des données et des résultats de la recherche, les droits de propriété intellectuelle et la compétitivité des entreprises privées doit être encouragé et devenir un élément central du prochain cycle de discussions sur l’avenir d’un système de partage des connaissances en matière de recherche. Il existe des limites à l’ouverture et celles-ci doivent être reconnues et prises en compte à mesure que le système évolue. »

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Le marché du mardi n°48

Comme ça fait très très longtemps que je n’ai pas fait de marché, certains items risquent d’être un peu datés, tant pis !

9255775520_2101d29187_mRecherche stuff
– L’European research council, la crème de la recherche européenne, est le premier organisme de financement de la recherche européen à participer au financement d’arXiv (il finance déjà une partie de PubMedCentral Europe).
Lazy Scholar, une extension Chrome qui va vérifier la disponibilité des articles sur Google Scholar
Academic torrents, comme son nom l’indique, propose de l’espace pour stocker et partager de la donnée scientifique
– Récente découverte pour moi, la série « Keeping up with… » proposée par l’ACRL aborde tous les mois un thème dans l’air du temps, sous une forme synthétique qui ne pourra que plaire aux décideurs : introduction, problématiques et enjeux, conclusion. Les thèmes depuis janvier : Altmetrics, Réalité augmentée, MOOCs. A rapprocher de la série « 7 things you should know about » d’Educause ; bon sang mais pourquoi personne ne produit ce genre de synthèses ici ? Ah oui, il y a bien les fiches pratiques de l’Enssib, que peu de gens connaissent, et qui sont, pour près de la moitié, consacrées à la conservation des fonds patrimoniaux…
– Tiens, voilà quelquechose qui pourrait s’approcher d’une fiche de veille : Les mégarevues, par le blog sur le libre accès de l’Inist
– Intéressante initiative chez Opening Science, avec la publication d’un guide « évolutif » sur l’impact d’internet sur la recherche et l’édition scientifique (« Opening Science: The Evolving Guide on How the Internet is Changing Research, Collaboration and Scholarly Publishing« ) : on peut accéder à la version éditable, acheter la version papier ou bien lire une version stabilisée chez Springer.

Pédago stuff
9252985215_233665e9f4_m– J’en ai déjà parlé, la collection s’étoffe : Open Stax propose désormais une dizaine de manuels en open access, en pdf ou en epub.
– Sans doute des idées à prendre dans le student guide to social media mis au point par les universités de Leeds, Manchester et York.
– Un truc (simple) pour faire un pdf unique à partir de plusieurs pdf, sur Mac.

Biblio stuff
– L’association of research libraries (ARL) a une chaîne sur Youtube ; on peut y retrouver la série de webcasts du projet Libvalue.

[Photos : Saint Rémy de Provence Tourisme]

Pétition pour l’accès libre aux résultats de la recherche fédérale : l’administration Obama dit « Oui » !

Le message traduit ci-dessous, publié ce week-end sur le site de la Maison Blanche, a également été adressé par e-mail aux 65704 signataires de la pétition demandant « un accès libre aux articles de revues scientifiques provenant de recherches financées par les contribuables ».

« Augmenter l’accès public aux résultats de la recherche scientifique

Par le Dr. John Holdren

Merci pour votre participation sur la plateforme « We the people ». L’administration Obama convient du fait que les citoyens méritent un accès facilité aux résultats de la recherche financée par leurs impôts. Comme vous le savez peut-être, le bureau de la politique scientifique et technologique (Office of Science and Technology Policy, OSTP) se préoccupe de cette question depuis un certain temps, et a eu l’occasion à deux reprises de faire appel au public pour connaître ses suggestions sur les moyens d’arriver à la démocratisation des résultats de la recherche financée par le gouvernement fédéral. Votre pétition a été d’une grande aide dans la discussion sur cette question.

La logique derrière un accès public amélioré est évidente. Nous savons que la recherche scientifique soutenue par le gouvernement fédéral stimule des découvertes scientifiques capitales et des avancées économiques, lorsque les résultats de cette recherche sont accessibles pour les innovateurs. Des politiques qui mobilisent ces biens intellectuels pour une réutilisation via un accès élargi peuvent accélérer les avancées scientifiques, accroître les innovations et encourager la croissance économique. C’est pourquoi l’administration Obama s’est engagée à veiller à ce que les résultats de la recherche scientifique financée par le gouvernement fédéral soient mis à la disposition et au service du public, de l’industrie et de la communauté scientifique.

2722210623_6059a1615d_mDe plus, ces recherches ont été financées par l’argent du contribuable. Les américains devraient pouvoir accéder facilement aux résultats de la recherche qu’ils aident à financer.

C’est dans cet objectif que j’ai publié aujourd’hui une note à destination des agences fédérales, qui demande à celles qui dépensent plus de 100 millions de dollars en recherche et développement de concevoir des plans d’actions afin de rendre publics les résultats de la recherche financée par des fonds fédéraux, et ce gratuitement, dans un délai de 12 mois après leur publication initiale. Comme vous l’avez indiqué, la politique d’accès public adoptée par les National Institutes of Health (NIH) a été un grand succès. Et, alors que ce nouvel appel politique ne demande pas aux agences de copier exactement la démarche des NIH, il permet de s’assurer que des politiques similaires vont apparaître dans tout le gouvernement.

Comme je l’ai dit, ces politiques ont été développées soigneusement, à travers une vaste consultation publique. Nous voulions trouver un compromis entre l’extraordinaire bénéfice public amené par l’accroissement de l’accès pour tous aux résultats de la recherche financée sur fonds fédéraux et le besoin de garantir que les contributions de grande valeur apportées par l’industrie de l’édition scientifique ne seraient pas perdues. Cette politique reflète cet équilibre, et se donne aussi la souplesse d’y apporter des changements ultérieurs en fonction des usages et des observations. Par exemple, il a été demandé aux agences de travailler sur la base d’une période d’embargo de 12 mois pour leur permettre de développer leurs politiques, mais également d’envisager un mécanisme permettant aux différents acteurs du secteur de leur demander de modifier cette période. Au fur et à mesure de l’avancée des agences dans le développement et l’implémentation de leurs politiques, il y aura de nombreuses possibilités de participation publique pour s’assurer que les agences font le meilleur travail possible pour satisfaire tous les intérêts en présence.

En plus d’aborder la question de l’accès public aux publications scientifiques, cette note demande aux agences de commencer à s’intéresser à la nécessité d’améliorer la gestion et le partage des données scientifiques produites avec des financements fédéraux. Le renforcement de ces politiques va encourager l’entreprenariat et la création d’emploi, en plus de conduire le progrès scientifique. L’accès à des jeux de données pré-existants peut accélérer la croissance, en permettant à des sociétés de concentrer leurs ressources et leurs efforts sur l’interprétation et l’exploitation pleine des découvertes, au lieu de répéter un travail pré-concurrentiel de base, déjà documenté par ailleurs. Par exemple, les données climatiques ouvertes sous-tendent l’industrie de la prévision et fournissent des bénéfices publics importants ; la publication des séquences du génome humain a engendré de nombreuses innovations dans le domaine biomédical – sans parler des nombreuses sociétés générant des milliards de dollars de revenus et les emplois qui vont avec. Progresser vers une plus large disponibilité des données scientifiques va permettre de créer des marchés économiques innovants pour des services liés à la curation, à la conservation, à l’analyse et à la visualisation des données, entre autres.

Alors merci encore pour votre pétition. J’espère que vous conviendrez que l’administration a fait son travail et vraiment répondu à votre demande.

John Holdren est conseiller du Président pour les questions scientifiques et technologiques et directeur du bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison Blanche. »

Merci à @St_B pour la suggestion de traduction.

[Photo : StevenANichols]

 


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