La biblioblogosphère US (ici, ici, et aussi ici, entre autres) commente largement ces jours-ci l’actualité législative : en effet, le projet de loi sur la « suppression des prédateurs numériques » (DOPA, Deleting Online Predators Act), vient d’être voté par les députés par 415 votes contre 10. Il doit maintenant passer au Sénat, mais il y a peu à espérer de ce côté là…
Mais de quoi s’agit-il au juste ? Et bien le DOPA est une mesure qui, dans le but louable de protéger les mineurs des mauvaises rencontres sur internet, obligerait les écoles et les bibliothèques américaines qui bénéficient d’un financement fédéral spécifique (« e-rate »), à bloquer l’accès aux sites de chat et à la plupart des logiciels sociaux pour pouvoir continuer à le recevoir.
Par logiciels sociaux, le législateur entend :
– délivrés par un fournisseur commercial
– permettant à des utilisateurs enregistrés de se créer un profil comprenant des information personnelles détaillées
– permettant à des utilisateurs enregistrés de se créer un journal en ligne et de le partager avec d’autres utilisateurs
– permettant d’obtenir des informations personnalisées sur les utilisateurs extrèmement précises
– permettant de communiquer entre utilisateurs
Ce qui s’applique, en gros, à tous les Flickr, Amazon, MySpace, les plateformes de blog,… Et, par ricochet, aux services qui appliquent les fonctionnalités si populaires des sites commerciaux dans d’autres domaines, comme OpenWorldCat d’OCLC, par exemple.
Au lieu de mettre l’accent sur l’éducation à l’information, sur la formation à la culture du réseau, sur la sensibilisation des utilisateurs (et pas seulement des mineurs) à un « safe surf », une navigation sur internet « protégée », on préfère nier le problème en tentant de bloquer les accès pour tous les utilisateurs potentiels. Comme si ces sites n’étaient pas accessibles par ailleurs, dans les cybercafés, à la maison, … Comme si les systèmes de filtrages d’internet étaient réellement performants…
Cette méconnaissance des usages et des pratiques du réseau me fait penser, comme c’est bizarre, à la loi DADVSI, qui vient de sortir du Conseil Constitutionnel encore plus répressive qu’avant d’y être entrée…
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