Björk et Solomon se sont intéressés à l’offre de revues hybrides (des revues sur abonnement qui proposent la possibilité de diffuser en accès ouvert, moyennant le paiement de frais de publication, des articles à l’unité. C’est de l’open access limité, puisque seuls ces articles sont accessibles librement, et pas la totalité de la revue ou du numéro). Ils ont étudié une quinzaine d’éditeurs, et suivi l’évolution des données entre 2009 et 2012. Ils en rendent compte dans « The hybrid model for open access publication of scholarly articles: A failed experiment ? » :
Première info intéressante, une idée de la volumétrie (données 2012) : les revues hybrides, ce sont 4381 titres, dans lesquels ont été publiés plus de 12000 articles. L’article ne dit pas combien de titres ont effectivement été concernés, on imagine que certains titres ont attiré plus d’articles que d’autres. 12000 articles, c’est en gros ce que publie PLoS à lui seul par an…
Les tarifs ensuite : plus élevés chez les éditeurs commerciaux que chez les sociétés savantes, ils tournent autour de 3000$. Un élément est à prendre en compte cependant : les accords négociés par les universités ou leurs bibliothèques pour leurs abonnements peuvent donner droit à des remises sur les frais de publication (Springer, Oxford University Press). Du coup, un glissement dans le choix du lieu de publication peut s’opérer avec ces accords institutionnels : ce n’est plus l’auteur qui décide, mais l’institution qui incite.
En ce qui concerne les disciplines : sans surprise, les disciplines des sciences « dures » (sciences, techniques et médecine, STM), notamment la médecine, sont les plus représentées (dans les titres et dans les articles publiés). Le fait de payer des frais de publication est une pratique plus répandue en STM (PNAS), et les laboratoires ont souvent plus de moyens financiers qu’en SHS. Un bémol cependant pour la physique : les habitudes de dépôt et de consultation des articles dans Arxiv relativsent l’intérêt d’une publication dans une revue hybride.
L’environnement éditorial joue aussi dans le choix du lieu de publication : au sein d’une même discipline, s’il existe d’autres revues entièrement OA, le tarif des APC d’une revue hybride parfois moindre que pour les revues « full OA », peut faire pencher la balance. Enfin les outils et les stratégies de marketing en terme de visibilité mises en place par les éditeurs revêtent une certaine importance : la mise en valeur des articles sur les plateformes est un facteur d’adhésion des auteurs (Royal Society).
La conclusion de l’article est sans appel :
« Le meilleur moyen de faire décoller rapidement ce modèle serait de réduire considérablement les coûts. Mais cela risquerait d’avoir un effet négatif sur les revenus provenant des abonnements. Comme le coût marginal de proposer une offre hybride est très faible, les éditeurs vont vraisemblablement les maintenir dans un futur proche. Mais la tendance qui semble se dessiner, parallèlement, est le lancement de nouvelles revues entièrement en accès ouvert, avec une couverture disciplinaire plutôt large et des APC relativement raisonnables. La conclusion générale de cette étude est que l’expérience du modèle hybride, au moins en ce qui concerne les « gros » éditeurs, et selon le niveau de tarification actuel, est un échec en tant que moyen d’augmenter significativement la volumétrie d’articles en accès ouvert, et que ce modèle restera un phénomène très marginal dans le paysage de l’édition scientifique. »
[photo : CIMMYT]
L’avenir incertain des revues hybrides
Published 06/05/2013 Open Access Leave a CommentÉtiquettes : APC, hybrid model, hybride
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