Rassurez-vous tout de suite, ceci n’est pas un CR exhaustif des 6èmes Journées Open Access organisées par Couperin il y a quelques semaines : 30 interventions réparties sur 4 demi-journées, c’est bien trop dense pour un billet de blog !
Impression générale de chaud et froid : des interventions positives (souvent celles témoignant de projets ou de réalisations dans les établissements, d’ailleurs) alternant avec des interventions nettement plus nuancées, qui suggèrent qu’il nous reste encore quelques étapes avant d’arriver à un consensus sur ce que devrait être une politique de l’open access en France, contrairement à ce qui se fait chez nos voisins européens (UK, NL), qui ont opté pour une approche globale (qu’elle soit en faveur du gold ou du green).
Ce que je retiens de cette édition :
- L’open access est bien un enjeu économique fort : l’intervention déprimante (sur le fond, pas sur la forme) mais salutaire de Sami Kassab, l’analyste d’Exane BnP Paribas, montre clairement que chaque initiative marquante en faveur de l’open access (lancement de PLoS, obligation de dépôt des NIH, rapport Finch…) se répercute sur la performance du cours de bourse d’Elsevier ; de menace pour le secteur de l’édition académique, l’OA est devenu depuis 2012 une opportunité de croissance pour les éditeurs, avec l’avènement du modèle gold-avec-APC.
- On s’en doutait, maintenant c’est prouvé, chiffré par les anglais : l’OA hybride coûte 3 fois plus cher que l’OA gold ! Et les APC représentent désormais 12% de la dépense globale pour les articles (1% pour les frais de gestion, et les 87% restants pour les abonnements), selon une étude menée par un groupe d’universités britanniques.
- L’UE peut jouer un rôle moteur pour l’OA en Europe : l’obligation de dépôt du programme H2020 est un puissant outil de sensibilisation des chercheurs aux questions de diffusion des résultats de recherche et de conservation des données. L’approche volontairement flexible adoptée pour la diffusion des données (« aussi ouvert que possible, aussi fermé que nécessaire ») semble fonctionner
- Tout le monde n’est pas dans le brouillard : il y a des établissements qui ont une vision claire de ce qu’est l’OA, et de comment y arriver (INRIA, INRA, Strasbourg), ça rassure.
- L’évaluation pose toujours question : du côté des revues, avec les éditeurs prédateurs – mais des initiatives comme Quality Open Access Market, QOAM se mettent en place pour clarifier le paysage – , en ce qui concerne les chercheurs par contre, il semble qu’il faille encore un peu de temps avant que les modes d’évaluation intègrent la publication en OA au crédit du chercheur.
Les vidéos des interventions des JAO 2015 sont disponibles en streaming et en téléchargement sur le site de CanalU.
[Photos : Lydia Brooks, @mdelhaye]