
Un groupe de chercheurs internationaux (et beaucoup canadiens) s’est trituré les méninges pour arriver à une définition des revues et éditeurs prédateurs, publiée fin 2019 dans Nature sous le titre « Predatory journals : no definition, no offence » : « La définition consensuelle à laquelle nous sommes parvenus était la suivante : « Les revues et les éditeurs prédateurs sont des entités qui privilégient l’intérêt personnel au détriment de la recherche et se caractérisent par des informations fausses ou trompeuses, un non-respect des bonnes pratiques éditoriales et de publication, un manque de transparence et/ou l’utilisation de pratiques de démarchage agressives et sans discernement. »
Les membres de ce groupe informel soulignent la difficulté d’arriver à un consensus ; ils avouent avoir laissé de côté certains critères jugés trop subjectifs, comme l’intention de tromper (« intent to deceive ») ou, plus étonnant, l’absence de qualité du peer-review, qui est quand même un élément constitutif des revues prédatrices – apparemment c’est la difficulté à évaluer cette qualité, en raison du manque de transparence du processus de peer-review chez un grand nombre d’éditeurs, qui a abouti à l’exclusion de ce critère.
Certains acteurs de l’open access soulignent que cette définition peut s’appliquer à certains éditeurs reconnus, d’autres que justement les critères retenus sont favorables, comme par hasard, à la revue Nature qui publie l’article, et que les auteurs ne sont pas forcément représentatifs (à part un indien, aucun auteur asiatique, par exemple).
Certes il existe plusieurs listes noires et blanches, gratuites et payantes : celles de Cabell, celle de Beall qui n’est plus mise à jour, celle du DOAJ. Et le site Think. Check. Submit (et son cousin Think. Check. Attend pour les conférences). Mais visiblement cela ne suffit pas pour endiguer le phénomène, au vu de la littérature abondante sur le sujet. Du coup le groupe invite les bonnes volontés à participer à la lutte contre les prédateurs sur son site.
A noter, au passage : les éditeurs prédateurs font feu de tout bois, et utilisent des outils tout à fait respectables pour diffuser leur production : par exemple WASET, un des éditeurs prédateurs les plus connus (pour ses revues et ses conférences), dispose de sa propre « communauté » sur Zenodo.
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