« La référence, c’est mort »

« On a besoin de gros serveurs et d’informaticiens pour les faire tourner, » selon Neiburger. « Qu’allons-nous supprimer pour pouvoir recruter un informaticien ? Nous allons « tailler » dans le personnel du service de références. La référence, c’est mort. »
Bien qu’un bibliothécaire bien formé apporte une plus-value certaine à un entretien de référence, il se trouve que l’usager d’aujourd’hui, habitué à faire ses recherches sur Google, n’en a cure, et les bibliothécaires n’arrivent pas à s’y résoudre, d’après Neiburger.
« Les agences de voyages se sont démodées parce que les gens ont eu l’impression d’avoir un meilleur accès à l’information que ce que les agences leur proposaient. Nous sommes dans une situation similaire », ajoute-t-il. Dans son rapport « Perceptions of Libraries » de 2010, OCLC soulignait que 84% des consommateurs d’informations démarraient leurs recherches avec un moteur de recherche. Aucun des répondants à l’enquête ne commençait par un site de bibliothèque.
« Les bibliothécaires doivent accepter ce fait, et y voir une opportunité, » pour Neiburger.
« Les bibliothécaires professionnels doivent être dans les coulisses, et leur temps utilisé avec discernement. Et on peut faire beaucoup d’économies en employant du personnel de qualification différente au bureau de références. » Le fait de repenser le service de référence permettra de libérer des ressources pour construire des infrastructures de stockage et employer du personnel qualifié pour les gérer.
« Cela signifie d’avoir des informaticiens qui travaillent pour vous, et pas pour vos fournisseurs, dit-il. »

Pour Eli Neiburger, directeur adjoint de la bibliothèque d’Ann Arbor et responsable des aspects informatiques, l’enjeu c’est d’avoir le contrôle des données : l’exemple donné est celui de l’accord conclu entre la sa bibliothèque et le fournisseur Magnatune, pour la diffusion de musique en ligne – téléchargeable – à ses publics. Les fichiers sont hébergés localement et diffusés sans restrictions de type DRM. Et sa solution pour obtenir les ressources humaines nécessaires pour faire tourner tout ça, c’est de mettre des « paraprofessionnels » – en France, je pense qu’on dirait des bénévoles – aux bureaux de renseignements.
Effectivement, si la permanence au bureau de renseignements se résume les 3/4 du temps à fournir une agrafeuse/un crayon/du scotch ou indiquer les toilettes/la banque de prêt/les horaires d’ouverture, on peut peut-être se poser la question.
Geeks Are the Future: A Program in Ann Arbor, MI, Argues for a Resource Shift Toward IT
[photo : warhead]

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4 Réponses to “« La référence, c’est mort »”


  1. 1 jean-charles 29/04/2011 à 09:09

    Je te remercie Marlène, de m’avoir remis sur cette question qui nous fait osciller entre : il faut apporter un service de renseignement et « a-t-on les moyens de mettre du personnel à disposition sur de longues périodes pour si peu de renseignements? ». Alors oui, il faut moduler avec les périodes, avec les outils (en ligne, du chat…), avec les formules de renseignement…. Je viens de sortir les stats sur 2010 où l’on trouve le nombre de personnes renseignées, le nombre d’heures de renseignement effectif, les ressources humaines correspondantes et les temps de permanence… le ratio fait peur !!! L’idéal est de trouver le système qui permet de moduler au plus fin afin que la « déperdition de compétences » sur des permanences d’accueil soit minimale 🙂

  2. 2 davidolib 28/04/2011 à 12:18

    @Nico_Asli : tu veux dire virer le superbe panneau « Renseignements documentaires » en Comic sans MS juste au dessus de ma tête en ce moment même ? Je confirme qu’il est le garant d’une paix royale en SP, rien que l’intitulé fait peur.

    • 3 nico_AsLi 28/04/2011 à 13:31

      Il faut même brûler le « bureau de renseignement » qui est un repoussoir à étudiant et qui sert le plus souvent à poursuivre son travail interne en donnant l’illusion qu’on se consacre au public.

      Je ne suis jamais senti aussi utile au renseignement que depuis la création d’une permanence « volante » en service public chez nous.

  3. 4 nico_AsLi 27/04/2011 à 14:38

    évidemment, du point de vue d’un marteau (responsable informatique) tous les problèmes ont la forme d’un clou (plus d’informaticiens).

    Je ne suis que moyennement d’accord avec cette vision des choses. Je n’ai pas (encore) lu l’article mais la perception de l’entretien de référence (qui utilise encore ce terme chez nous ?) me semble sérieusement datée.

    Si 3/4 des questions au bureau de renseignement concernent l’agrafeuse/les toilettes/les horaires d’ouverture, ce n’est pas le renseignement qu’il faut supprimer, c’est ta signalétique ou tes services qui sont pourris.


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