Mandat européen de dépôt en OA : pas d’impact avant 2022 ?

Le projet pilote de la Commission européenne pour l’Open Access, qui exige la mise à disposition en libre accès d’une partie (20%) des résultats de recherche qu’elle finance,  vient d’être étendu à 100% des publications d’ici 2020. D’ici cette date, les chercheurs sont encouragés à rendre accessibles dans un délai de 6 mois  (pour les sciences « dures ») ou de 12 mois (pour les SHS) les articles publiés dans le cadre d’un projet financé par l’UE, soit en les soumettant dans des revues en open access (« Gold road »), soit en les déposant dans une archive ouverte (« Green road ») ; l’ensemble des publications déposées pouvant être interrogé via l’infrastructure OpenAIRE.

Suite à cette annonce, repérée chez Peter Suber, le groupe d’investissement Exane BNP Paribas a sorti cette analyse à propos du groupe Reed-Elsevier (extraits) :
« Il est peu probable que cette politique ait un quelconque impact sur les revenus des éditeurs en sciences et technique d’ici 10 ans. L’UE est un acteur mineur du financement global de la recherche – on estime qu’elle finance 8% des dépenses de recherche de l’Europe des 27, soit moins de 3% de la littérature scientifique mondiale. Nous estimons que ce financement aboutit à la publication annuelle de 70 000 articles sur les 1,5 millions d’articles produits chaque année dans le monde. Nous notons de plus que le projet pilote, couvrant 20% des budgets de recherche européens, n’ a eu aucun impact au cours des 5 dernières années. […] Le taux de dépôt actuel de mandats plus anciens (comme celui des NIH ou du Wellcome Trust) est en dessous de 60%, les chercheurs ne réalisant pas qu’il est de leur rôle d’auto-archiver leurs articles. Enfin, bien que les frais de publication des revues en open access payés par les auteurs  (Gold OA) soient éligibles au remboursement par l’UE, nous pensons que, comme au Royaume-Uni, l’absence d’un financement dédié à l’Open Access est un facteur de ralentissement dans l’essor de ce modèle. »
Les auteurs de l’analyse ajoutent que malgré une progression, on est encore loin d’atteindre une masse critique d’articles en OA, et que « même dans un monde où l’Open Access dominerait, les éditeurs continueraient à générer du profit grâce à la valeur ajoutée qu’il amènent à la communication scientifique (en gérant la validation par les pairs et la mise en page des articles). […] Dans un scénario-catastrophe fort improbable, où la pression de l’Open Access sur les prix ne serait pas compensée par le volume des publications – Elsevier ne monétise qu’un tiers des articles reçus, les 2 tiers restants étant rejetés – nous estimons que la valeur par action des revues détenues est de 50p inférieure à ce qu’elle devrait être. »
De fait, Peter Suber note également qu’au lendemain de l’annonce de la Commission, le taux de l’action Reed-Elsevier a baissé de 2%.

[photo : ZeRo SKiLL]

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