J’ai lu dernièrement ici et là :
– « … Elsevier a parfaitement compris une chose : c’est que si l’existence de ses revues importe tant, malgré tout, aux communautés scientifiques, ce n’est pas tant qu’il est pour elles crucial de lire les articles qu’elles contiennent (on en trouve la plupart sans problème en open access sur la Toile). »
– « Actuellement, plus de 1 500 revues d’Elsevier sont au moins partiellement en « libre accès »… »
Et là je me dis : zut, j’ai raté un épisode ou quoi ?
Aux dernières nouvelles, les articles publiés dans les revues hybrides (ces revues sur abonnement dans lesquelles il est possible, moyennant finances, de publier des articles en accès ouvert), notamment chez Elsevier, se comptent sur les doigts de quelques mains : 1014 articles en 2011, selon cette étude de Björk et Solomon sur les revues hybrides.
« 2011, ça date, les choses ont changé » me direz-vous ?
OK. Voici les chiffres que nous donne Science Direct pour les 8 titres les plus consultés par les membres de Couperin en 2012 (+ de 100 000 téléchargements) :
- The Lancet : 451 043 articles, 302 en OA (0.06%)
- Archives de pédiatrie : 11 756, pas d’article en OA
- La revue de médecine interne : 18 803, 3 articles en OA (0.015%)
- Tetrahedron letters : 93 149, 61 articles en OA (0.06%)
- Annales françaises d’anesthésie et de réanimation : 10 244, 2 articles en OA (0.01%)
- Tetrahedron : 46975, 26 articles en OA (0.05%)
Imaginons que les choses aient encore changé en 2013, et qu’on arrive à 1% d’articles en OA : nous serions encore bien loin d’un large accès aux contenus d’Elsevier. Il me semble utile de le repréciser.
Bonjour,
Si on regarde un gros échantillon de revues ScienceDirect sur PubMed ( cette liste http://www.ncbi.nlm.nih.gov/nlmcatalog?term=%28sciencedirect*%5BURL%5D%20AND%20currentlyindexed%5BAll%5D%29 ) On arrive à 4.7% d’OA (182753 sur 3905987). Bien en dessous du taux pour l’ensemble des articles de PubMed qui est de 18%.
Et si on ne regarde que les 10 dernières années, c’est 8,9% VS 27,4%.
Bien sûr, tous les accès OA ne sont pas comptés mais je doute que cela bouleverse les proportions.
Merci !
Bonjour,
J’avais effectivement remarqué que la fameuse liste de SciDirect inclut également de nombreuses revues en OA limité (d’où mon « au moins partiellement »). J’avais apparemment sous-estimé la situation. Encore que, si on se limite aux corpus les plus utiles pour les chercheurs, la proportion d’OA est plus élevé. Par exemple, le Lancet a été créé en 1823 (il est d’ailleurs effarant de voir qu’Elsevier prétend détenir des droits sur des articles présents de longue date dans le domaine public!). Vraisemblablement la quasi-totalité des 323 articles publiés en OA l’ont été au cours des 5-10 dernières années, soit la période la plus intéressante pour les recherches bibliographiques (trouvailles les plus récentes, synthèses les plus à jour).
Ceci dit, l’OA gold ne représente qu’une petite partie des documents scientifiques disponibles en ligne. Par-delà même l’OA green et les archives ouvertes, il faudrait également tenir compte d’une sorte d’OA « dark » (histoire de filer la métaphore des couleurs) : l’ensemble des documents circulant illégalement (cela va du chercheur qui diffuse un pdf sans demander la permission à l’éditeur à la copie intégralement frauduleuse). L’air de rien cet OA pirate contribue à simplifier les choses. Étant donné la vague profonde de désabonnements et l’incapacité du marché de l’édition scientifique à se remettre en cause, les chercheurs vont sans doute être amenés à devenir un peu hacker…
On manque manifestement de données fiables pour évaluer les différents aspects de cette évolution. Je songe éventuellement à monter un petit projet de crowdsourcing pour remédier à cette déficience (je suis justement en train d’en discuter avec Daniel Bourrion).
Certes il n’est pas bien sorcier de récupérer des articles par diverses voies, mais il me semble un peu hasardeux de s’appuyer là dessus pour répondre aux besoins des chercheurs. Je pars du principe qu’on reste dans un cadre légal 🙂
« Faudrait essayer de repérer les articles d’Elsevier déposés dans les archives ouvertes, à l’occasion. » Ca devrait être possible, si dans les dépôts est renseigné le DOI de la version publisher, ce qui me semble être une bonne pratique. Or les éditeurs ont un préfixe de DOI qui leur est propre (pour Elsevier, c’est 10.106). S’ils font comme Springer, à chaque fois qu’ils acquièrent une revue ils en font changer les DOIs. Un truc comme ça peut être un début : http://www.base-search.net/Search/Results?lookfor=rel%3A10.1016&type=all&ling=1&name=&thes=&refid=dcresfr&newsearch=1
Oui, ça a l’air de marcher dans HaL aussi. Le tout c’est que le DOI soit renseigné…
C’est pas une mission de bib de faire des liens, même rétrospectivement ? Je sais pas si hal permet d’intervenir sur une notice pour ce type d’amélioration.
Houlà, mais ça voudrait dire mettre des RH pour faire ça, are you insane ? 😉
Je me doute qu’il doit être possible de faire ce type de modif à la main, mais idéalement si on pouvait avoir une moulinette ça serait mieux. Ce serait intéressant aussi de savoir combien de notices sans DOI il y a dans HaL, pour avoir une idée.
mais là tu ne parles que du gold, les assertions concernent plutôt les post-print d’articles Elsevier disponibles en archives ouvertes, non ? Merci pour ces chiffres.
La seconde citation fait un lien explicite avec la liste des revues OA/OA partiel d’Elsevier, pour moi c’est donc bien du gold dont il est question. La première est plus vague, mais j’en ai conclu qu’il s’agissait du gold aussi, vu qu’on parle gros sous 😉 Faudrait essayer de repérer les articles d’Elsevier déposés dans les archives ouvertes, à l’occasion.