« La question n’est pas de savoir si nous devons continuer à payer aux responsables de notre malheur tout ce qu’ils demandent pour répondre à nos besoins. Nous ne pouvons pas. Aucun budget de bibliothèque ne peut suivre la cadence des augmentations tarifaires pour les ressources essentielles.
La question est : est-ce que nous devons dépenser toutes nos ressources financières pour payer une fraction toujours plus réduite de ce que le système actuel demande ? En juste six ans, malgré des hausses de budget, le pouvoir d’achat de ma bibliothèque a baissé de 22%. Devons-nous dépenser la totalité de notre budget d’acquisition pour seulement 78% de ce que nous pouvions nous payer il y a 6 ans ? Devrons-nous utiliser ce budget entier pour acquérir ce qui ne sera plus que 73% des ressources l’an prochain, et 68% l’année d’après ? Devons nous manger la grenouille tous les ans pour toujours moins en retour ?
Ou bien devons nous saisir cette situation désespérée comme un moyen de nous en libérer en essayant de nouvelles choses ? Ce désespoir pourrait nous fournir l’excuse dont nous avons besoin pour financer des entreprises – si risquées soient-elles – qui risquent moins d’échouer que le système qui nous dérange actuellement. C’est peut-être précisément parce que les ressources financières diminuent que nous devons utiliser celles-ci pour de nouvelles initiatives ; notre désespoir peut être le moteur dont nous avons besoin pour faire des choix impossibles. »
Bryn Geffert, dans A librarian’s defense of despair : http://chronicle.com/blogs/conversation/2015/03/06/in-defense-of-librarians-despair/
[Photo : Jean-Jacques Bougeot]