Voici ce que j’ai envoyé mi-novembre 2006 à quelques éditeurs de SHS :
« Bonjour,
Les universités et les organismes de recherche internationaux se sont depuis quelques années lancés dans la mise en place de serveurs d’archivage institutionnels destinés à abriter et promouvoir les travaux de recherche publiés par leurs enseignants et chercheurs.
Le mouvement commence à s’étendre à la France, au niveau national (cf plateforme HAL du CNRS) comme au niveau local (divers projets en cours dans les universités). Si les disciplines scientifiques sont les plus représentées dans ces archives, les sciences sociales ne sont pas en reste, comme le montre la déclinaison SHS de la plateforme du CNRS mentionnée ci-dessus.
Ces archives sont peuplées de multiples types de documents, dont en majorité des articles publiés dans des revues scientifiques. Il peut s’agir de versions avant publication ou après publication des articles proposés aux comités de lecture des revues. Un grand nombre d’éditeurs internationaux figure dans le répertoire ROMEO/SHERPA, qui liste les politiques des éditeurs en matière d’auto-archivage (pré- ou post-publication ou après publication, avec un embargo ou pas, etc.).
Je n’y ai pas trouvé les éditions Lajurloz.
Mon université étant susceptible de mettre en place un projet de ce type dans les années à venir, je souhaite connaître la position des éditions Lajurloz en ce qui concerne l’auto-archivage par les auteurs de leurs publications sur les archives institutionnelles ouvertes. Je vous remercie par avance de transmettre mon message à une personne susceptible de me fournir une réponse officielle sur ce sujet. Cordialement, etc. »
Ce message n’a reçu à ce jour aucune réponse. Que dois-je en déduire ?
– Que qui ne dit mot consent ? 😉
– Que ces éditeurs n’ont pas d’opinion sur la question ? Qu’ils ne sont pas sensibilisés au phénomène des archives ouvertes, de l’Open Access ?
– Que je suis un cas isolé qui ne mérite même pas un accusé de réponse ? J’ai peine à croire que personne dans les BU n’ai jamais posé la question… De fait, tout témoignage sur une démarche similaire à la mienne m’intéresse, contactez-moi à marlene.delhaye[chez]gmail.com.
Parce qu’on a beau discuter sur les archives ouvertes (sur ce qu’elles sont, à quoi elles servent, comment ça marche, etc), si on n’a pas dès le départ la position des éditeurs, on ne pourra pas faire grand-chose : ni sensibiliser les chercheurs, ni faire évoluer la position des éditeurs réfractaires, ni au final remplir nos archives, ce qui est quand même dommage, vu le temps (et l’argent) que ça mobilise dans les universités en ce moment.
Disons que les courriers se perdent dans les dédales des services et que le vocabulaire employé est peut être trop professionnel et éloigné de leurs problématiques courantes
.
J’ai expérimenté des contrats de ce type avec des éditeurs français et ce qu’ils veulent savoir, c’est si la généralisation de ce truc (l’auto-archivage) ne va pas mettre en péril leur offre commerciale.
Le mieux est de téléphoner, de prendre contact avec la bonne personne, d’expliquer en quoi cela n’est pas handicapant pour eux et peut même leur apporter de la publicité, des soutiens académiques ultérieurs, etc…
Ensuite, pas besoin qu’ils se fassent référencer (enfin dans un premier temps) dans SHERPA/Romeo (ça fait peur du point de vue d’un éditeur français), tu peux leur envoyer un courrier pour un accord de diffusion des articles publiés dont l’un au moins des auteurs appartient à l’université, avec éventuellement une période d’ « embargo » (3, 6, 9, 12 mois…) qu’ils te renvoient signé. Et le tour est joué. Ca prend du temps mais dans mon cas, ça avait marché.
Personne ne sous-estime l’importance du travail d’édition, pas moi en tout cas. Mais si j’ai correctement interprété votre message (?), vous avez déposé sur archiveSIC deux articles sans obtenir l’accord préalable des ayant-droits. Dites-moi si je me trompe.
Sur le professionnalisme des éditeurs, non je ne pense pas que leur silence le remette en cause. La législation actuelle assimilerait un tel dépôt à de la contrefaçon, si l’accord préalable des ayant-droits n’est pas obtenu au préalable.
Donc s’il ne répondent pas à Marlène, c’est que leur position est légaliste et qu’ils n’envisagent pas d’exception systématique.
Reste la demande au coup par coup : ça met la pression, ça sensibilise les éditeurs aux nouvelles pratiques. Et si un jour, un litige devait éclater à la suite d’un dépôt non autorisé, ça aurait aussi l’avantage d’exposer le problème sur la place publique, et d’envisager des solutions politiques en faisant évoluer la loi.
Ne pas se méprende sur mon propos… le travail d’édition est essentiel et être éditeur c’est un métier… et justement à ne pas se prononcer clairemenent (comme sur Romeo/sherpa par exemple) on peut se poser la question du professionalisme de certains éditeurs.
PS : salut Luc content de te lire 😉 : il y avait aussi la stratégie corrigenda d’harnad/oppenheim (version d’auteur déposée avant soumission du texte et en fonction de la négo du copyright avec l’éditeur ajout d’un appendice correctif aprés publication)
Luc il me semble que vous parlez en fait de notre GG qui vient aussi de poster un commentaire.
Le conseil est intéressant, je m’en souviendrai.
Bonjour,
J’ai l’occasion de discuter voici un an avec un des responsable de l’urfist de nice de ces questions. Promoteur des archives ouvertes en france, et auteur prolixe sur la question, il a procédé de la manière suivante :
– lors de la signature du contrat d’auteur il vous suffit de refuser de céder vos droits numériques. Vous êtes donc seuls maitre de la diffusion que vous voulez donner à vos livres sur la toile. Comme les éditeurs à de rares exceptions prêts n’ont pas de politique numérique, ils ne posent pas de problème à la modification de la clause.
Cdlt
A mon avis, le meilleur moyen pour connaitre la position d’un éditeur sur cette bonne question, ce n’est pas forcément la lettre type. GG me semble être sur une voie plus prometteuse 🙂
J’envisagerai un courrier du type :
Madame, Monsieur,
Le professeur Tournesol vient de verser dans l’archive ouverte de notre université, un texte qu’il avait publié par vos soins aux éditions Moulinsart. Y voyez-vous un inconvénient quelconque ? Merci de nous faire connaître également votre position de principe à ce sujet.
Etc.
Ça devrait repondre sans trop tarder, soit directement, soit via le service juridique…
Au fond, c’est un peu le problème de la politique dite de ‘l’OPT-OUT’ pratiquée Google dans son projet Book Search. Faisons le, on verra bien ce qui se passe (cf GG). Mais les critiques faites à l’égard de Google valent-elles également dans ce cas ?
Marlene j’avais il y qq temps fait la même demarche auprés d’un éditeur dont je tairai le nom ici … ça fait 3 ans presque 4 que j’attends une réponse… mais nous n’avons pas besoins d’eux pour remplir les archives … à titre d’exemple j’ai mis sur archiveSIC 2 papiers issu de l’éditeur que j’évoque plus haut (tiens tiens l’éditeur se précise ;-)… j’attends toujours mon procès ou plus modestement un mail m’indiquant que c’est pas bien de ne pas respecter le copyright que j’ai signé à l’époque sans démander de modif.
bref tout ça pour dire que c’est aussi de la responsabilité des chercheurs… ie, on peut les sensibiliser à déposer pour obtenir une position claire des éditeurs que tu évoques… j’ai donc tendance à « inverser » ton dernier paragraphe : remplissons les archives en accompagnant nos chercheurs… on verra bien la position des éditeurs… une démarche proactive qui pourra se mettre en place quand nos univ aurront leur AO…
la solution consiste à faire une pétition signée par des lecteurs, des chercheurs et des bibliothécaires et à l’envoyer aux éditeurs.