Dorothea Salo pose une bonne question pour les bibliothécaires des BU :
« Pourquoi devons-nous faire tant d’efforts pour apprendre aux étudiants de Licence (« undergraduates« ) à utiliser des bases de données commerciales alors que la grande majorité d’entre eux n’y aura plus jamais accès une fois qu’ils auront eu leur diplôme ? »
Allez voir par vous mêmes les réponses qu’elle a obtenues, pour ma part j’y ajouterai 2 éléments :
– pour certaines disciplines (au hasard, le droit) les bases de données commerciales ont une clientèle professionnelle non négligeable : maîtriser leur utilisation est un atout pour l’étudiant en stage ou le jeune diplômé.
– par ailleurs, le plus tôt les étudiants sont familiarisés avec l’utilisation des bases de données de leur domaine, le mieux c’est, surtout pour ceux qui continueront en M – peut-être un jour ainsi ne verra-t-on plus ces étudiants de M2 qui découvrent les ressources électroniques de la BU au moment de rendre leur mémoire…
Il est clair cependant, et merci à Dorothea d’ouvrir le débat, que nous avons tendance à focaliser nos actions de formation sur les ressources payantes (question de rentabilité, légitime), aux dépens des ressources en libre accès. Or les deux ne s’excluent pas, bien au contraire, elles devraient être complémentaires. Le problème, c’est que, souvent, j’ai l’impression que les bibliothécaires se disent que « si c’est en libre accès sur internet, les usagers n’ont pas besoin de nous pour savoir s’en servir », un peu comme si ce qui se passe sur l’internet non-documentaire-et-hors-de-ma-bibliothèque ne les concernait pas.
Se pose aussi, plus prosaïquement, la question du niveau d’information et de formation desdits bibliothécaires sur ces outils là (rares sont les formations à la veille ou à l’utilisation des bases de données en formation initiale) – mais je m’égare.
Je n’oublie pas non plus le problème du temps prévu pour les formations : les interventions sur les ressources documentaires, quand elles sont intégrées dans les maquettes de formation, ne laissent guère de place à autre chose que le catalogue de la bibliothèque + les ressources électroniques de la discipline, dans le meilleur des cas.
Je garde néanmoins dans un coin l’idée de modules de formation sur les ressources en libre accès, qui me paraît pouvoir ouvrir des possibilités de collaborations entre formateurs… quoique, si ça se trouve, ça existe et je n’en sais rien : je suis preneuse des références que vous voudrez bien mettre dans les commentaires.
[photo : Sashafatcat]
Les deux formations organisées cette année l’étaient à titre expérimental, la première à destination des personnels de la BU et du SCD de l’université de Provence, la seconde à l’EHESS Paris. Le calendrier des formations Urfist/Revues.org 2009/2010, qui débuteront à la rentrée, sera diffusé largement. Nous avons pour habitude d’utiliser le blog de notre laboratoire, L’édition électronique ouverte, mais aussi les listes Biblio-Fr et Renatis, pour diffuser ces informations. Mais nous n’avons peut-être pas identifié les canaux de diffusion propres aux BU. Si vous pouvez nous en suggérer, nous sommes preneurs.
Du côté de Revues.org, nous sommes conscients du problème de la visibilité et de l’accès à nos ressources, pourtant gratuites, en bibliothèques. Nous avons donc pris l’initiative d’une campagne de formation à destination des personnels des bibliothèques universitaires et de leurs usagers (étudiants, doctorants, chercheurs). Les premières formations ont eu lieu en avril http://leo.hypotheses.org/1400, d’autres sont prévues, notamment en collaboration avec le réseau des Urfist dès la rentrée.
Nous acueillons aussi un stage de l’INTD qui a pour objet d’étudier l’usage des ressources électroniques en libre accès au sein des bibliothèques universitaires et des SCD, dans ce cadre, elle fait une enquête auprès des responsables des ressources documentaires.
Par ailleurs, nous avons édité des guides d’utilisation de nos ressources, en versions papier et électronique (http://leo.hypotheses.org/432). Les bibliothécaires et responsables de ressources documentaires peuvent les mettre à la disposition de leur public ; nous les envoyons gratuitement sur simple demande.
Les formations sont lancées par Revues.org, nous attendons vos retours.
C’est un véritable problème et une logique infernale. Former en priorité les utilisateurs aux ressources payantes ne fait qu’augmenter leur coût et ne contribue pas à la rentabilisation des ressources « gratuites ». Les ressources « gratuites » sont financées en amont : les tutelles devraient-elles imposer comme une obligation de service aux bibliothèques de former aux ressources en libre accès ?
Autre solution : les bibliothèques ne pourraient-elles pas accorder des financements aux projets en libre accès à travers un consortium comme Couperin par exemple ?
Il est par ailleurs clair pour moi que les bibliothécaires en privilégiant les base de données payantes dans leurs actions de formation se coupent des usages du Web et par là-même de la culture de leurs utilisateurs. Je pense donc que négliger les ressources en OA est une erreur stratégique majeure pour la profession.
Lorsque tu dis : « Le problème, c’est que, souvent, j’ai l’impression que les bibliothécaires se disent que « si c’est en libre accès sur internet, les usagers n’ont pas besoin de nous pour savoir s’en servir », un peu comme si ce qui se passe sur l’internet non-documentaire-et-hors-de-ma-bibliothèque ne les concernait pas. »
1-0 …. en plein dans le mille! Surtout la dernière partie de la phrase!
Bonjour,
Je suis étudiante en 2e à l’IUT métiers du livre de Bordeaux. On a eu sur les 2 ans un cours sur les périodiques électroniques en lignes et sur les bases de données en ligne, qu’ils soient commercial ou libre. Avant, l’IUT, j’ai fait un an en fac et on a eu une pauvre petite heure de formation pour découvrir la BU, je sais que des ressources électroniques existe dans cette fac, mais ce n’est pas pendant cette pseudo formation que je l’ai appris. Je sais juste qu’il refond une formation pour les masters, et que en licence certain prof les envoie en consulter. Mais je trouve que ça reste un peu pauvre quand même.