Archive for the 'Archives Ouvertes' Category



Zen, soyons zen

Qu’on le veuille ou non, c’est Elsevier qui dicte désormais les tendances dans l’édition scientifique : l’éditeur a ainsi récemment changé sa politique « de partage » des articles scientifiques (exit le dépôt des post-print sur les archives ouvertes, ajout d’embargos là où il n’y en avait pas), et les autres suivent. Ces jours-ci c’est Emerald qui ajoute 24 mois d’embargo pour le green – alors que personne ne lui a rien demandé-, dès lors qu’une politique institutionnelle de dépôt dans une AO est en vigueur dans un établissement (c’était la politique qui prévalait jusqu’à récemment chez Elsevier d’ailleurs). Ca peut paraître anodin en France, où peu d’établissements ont encore mis un mandat en place, cela l’est beaucoup moins au Royaume-Uni où le financement de la recherche est soumis à la diffusion en OA des articles produits par les chercheurs. Donc soit ils déposent dans l’archive ouverte de leur établissement, mais leurs articles ne seront accessibles que dans 2 ans, soient ils payent des APC. Et, comme par hasard, il se trouve qu’Emerald vient d’augmenter le coût des APC de 70% pour ses revues en sciences de l’ingénieur… Interrogée par Richard Poynder à ce sujet, dans le long billet qui est la source de celui-ci, la porte-parole de l’éditeur indique que “cette decision, basée sur l’analyse du marché et de la concurrence, mettra la tarification des APC d’Emerald au niveau des prix du marché, dans une position médiane vis à vis de ses concurrents. » C’est dit, c’est clair : ce n’est pas le coût de production de l’article qui détermine son APC, mais bien sa valeur marchande.

Pour maintenir leur activité (et valoriser leur entreprise en cas de rachat, on ne sait jamais, une consolidation du marché est si vite arrivée), il semblerait que les « petits » éditeurs s’alignent sur les « gros », ce qui a pour effet une augmentation globale des coûts. Les arguments sur la qualité des contenus sont ignorés : pourtant, le fait de lever les embargos et d’autoriser le dépôt représente plutôt un avantage pour attirer les auteurs, et se démarquer des éditeurs traditionnels, mais visiblement l’attrait du profit l’emporte sur l’offre de contenus… Quoique : Emerald a annoncé une opération « zéro embargo » sur sa vingtaine de titres en sciences de l’information et des bibliothèques – par souci réel d’améliorer son offre de service, ou opération « d’open washing » orchestrée par le service marketing pour redorer son blason auprès des bibliothécaires qui sont encore, pour l’instant, les principaux acheteurs de documentation ?

La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que les résultats de l’étude commandée par le Ministère de l’Enseignement Supérieur en 2013 sur les embargos pour les revues en SHS viennent d’être publiés, et ses conclusions sont très claires :
« Nos résultats objectivent donc la mise en place d’une durée de barrière mobile relativement courte (moins d’un an) en comparaison aux durées évoquées dans le débat public pour les SHS (2 à 3 ans). » 

Sources :
Emerald Group Publishing tests ZEN, increases prices: what does it mean ? par Richard Poynder sur son blog Open and shut?.
– ZEN = zero embargo now selon Glynn Moody
– Le rapport de l’IPP : Les revues de sciences humaines et sociales en France: libre accès et audience – La note : Quel délai pour le libre accès des revues de sciences humaines et sociales en France ?

[Photo : instigator21]

Localiser des documents en OA

(C’est un billet de 2006, que j’ai mis à jour le 22/07/2015, le système a changé la date de publication inopinément)

Petit cours de rattrapage pour les bibliothécaires en manque d’information sur les archives ouvertes et l’open access :
– le ROAR est le répertoire des archives institutionnelles ouvertes hébergé par l’Université de Southampton. Il en dénombre 635 à ce jour.
– l’OpenDOAR répertorie aussi les archives ouvertes, à l’initiative de l’Universités de Nottingham (UK) et du JISC.
– le ROARMAP est le registre des politiques institutionnelles d’auto-archivage, qui liste les politiques des établissements ayant pris position en faveur de l’archivage (et mis en place une archive)
Sherpa/Romeo est le projet du JISC qui recense les politiques des éditeurs par rapport à l’auto-archivage (ne cherchez pas d’éditeurs français, il n’y en a que 2 : un vert – qui autorise l’archivage des pré & post-prints – (EDP Sciences), et un gris, qui n’autorise rien du tout). ; on y trouve 41 éditeurs français, dont 31 autorisent le dépôt sous une forme ou une autre.
– le DOAJ de l’Université de Lund répertorie les revues en OA (on en est à 2061 10 437 titres, dont plus de 500 6 200 indexés en texte intégral)

Dans la foulée, Peter Suber nous signale qu’Affaires universitaires du mois de mars 2006 fait un point sur l’OA au Canada, extraits :
« […] le potentiel du mouvement en faveur du libre accès ne se réalisera pas par l’imposition de conditions visant à nuire au fonctionnement de petits groupes d’éditeurs de revues. Un effort général est plutôt nécessaire pour faire de l’autoarchivage une habitude et un aspect incontesté du travail de rédaction, tout comme l’est l’ajout de bibliographies et de références à la fin d’un article. »[…]
« Quel est le point de vue des universitaires sur l’autoarchivage? « Les auteurs n’ont pas pris cette habitude, affirme M. Willinsky, de la UBC, en grande partie parce qu’ils cherchent avant tout à publier leurs articles plutôt qu’à les diffuser. » »

Quels changements pour les BU quand l’OA primera ?

13921535969_dccf724a92_kJe trouve le billet d’Aaron Tay « How academic libraries may change when open access becomes the norm » particulièrement pertinent par rapport aux questionnements que nous avons en BU ces temps-ci ; voici les changements qu’il anticipe (ce qui est en italique est traduit par mes soins) , en partant du principe « qu’au cours des 10-25 prochaines années, 50 à 80% (ou plus) des publications annuelles seront disponibles sous une forme ou une autre d’open access« .

1. « Les rôles des BU dans la découverte et même dans la fourniture d’information aux usagers vont diminuer » :
Les étudiants, et de plus en plus de chercheurs, n’utilisent pas le site de la BU pour commencer leurs recherches, ils utilisent sans le savoir les ressources de la BU croisées avec les outils de signalement commerciaux comme Google Scholar : exit la mission d’aide à la découverte.
Par ailleurs, une fois la majorité des ressources accessibles librement en OA, finie la mission de fourniture d’information : divers outils permettent déjà (l’extension pour Chrome Lazy Scholar par exemple) de récupérer automatiquement une version en libre accès quand elle est disponible.
Du coup, cela aura une incidence au niveau des RH : on n’aura en principe plus besoin de grosses équipes pour la gestion des abonnements imprimés (tant qu’il en restera) ni pour la gestion des ressources en ligne (qui se concentrera du coup sur l’administration du résolveur de liens, de la base de connaissance…)

2. « Les BU pourraient plus se concentrer sur leurs fonds spécifiques et passer à l’édition/l’hébergement de revues » :
« Au delà du simple rôle d’archive, quelques bibliothèques s’essayent à produire des épirevues, comme le fait l’University College London. Cela demande essentiellement que les BU se lancent dans l’édition en convertissant les archives institutionnelles en plateformes de publication. Les presses universitaires de l’UCL, par exemple, sont désormais un département au sein de la bibliothèque de l’institution. En combinant la plateforme open source Open Journal System (OJS) et l’archive institutionnelle comme système de stockage, la bibliothèque édite désormais des revues en open access. De nombreuses revues sont aussi publiées avec la solution Digital Commons.
La grosse question est de savoir si les BU ont les compétences, les savoirs et les motivations pour jouer ce rôle et reprendre le système de communication scientifique. »
En ce qui concerne les fonds spécifiques, il s’agirait de penser non plus en termes quantitatifs, mais qualitatifs : mettre l’accent sur les unica, les documents rares ou précieux, ou spécifiques à l’institution (littérature grise, thèses, etc). Pour ce faire, « numérisation, OCRisation, transcription de textes, création de métadonnées pour une meilleure « découvrabilité » desdites collections. Une autre façon de revenir de la gestion de l’abondance à celle de la rareté qui a sous-tendu l’activité des bibliothèques pendant des siècles, si je ne m’abuse ?

3. « Les bibliothèques s’axeront plus sur des services d’expertise à haute valeur ajoutée, comme l’information literacy, les services de gestion des données, les services de géolocalisation etc pour remplacer leur mission réduite d’acquisition » :

La BU est ici confrontée à son problème d’image, de perception qu’en ont les utilisateurs : dans un monde où tout ou presque est accessible facilement, sans barrière financière, institutionnelle ou juridique, la mission d’acquisition de documentation n’a plus de raison d’être. Or cette mission est celle qui est la plus reconnue aux bibliothèques (p.67) par les chercheurs : comment justifier la valeur ajoutée de la BU pour la recherche dans ce contexte ? D’où l’intérêt pour les bibliothécaires de se saisir le plut tôt possible d’autres missions de support à la recherche : aide à la publication en OA, bibliométrie, gestion des données, formation aux « compétences informationnelles »…

4. « Les budgets des bibliothèques pourraient diminuer » :
En toute logique, la disponibilité des contenus en OA implique une baisse des coûts.
Cela ne veut pas dire que la dépense sera nulle pour autant : il faudra bien payer les APCs (mais ce rôle ne sera pas forcément donné aux bibliothèques), et, j’ajoute que l’édition électronique et les archives institutionnelles, ça a un coût aussi : développer des fonctionnalités pour son archive ouverte, former le personnel à de nouvelles compétences d’édition par exemple, ou embaucher des personnels qualifiés pour mettre en oeuvre une chaîne de publication, rien de tout cela n’est gratuit.
La question fondamentale à mon avis, c’est : est-ce que ces missions se feront dans les bibliothèques ou en dehors ?

10231527134_535e3171e5_k5. « Moderniser les pratiques de citation » :
Selon l’article « Academic citation practices need to be modernized – References should lead to full texts wherever possible« , les versions en open access des articles publiés devraient devenir la source de référence, et les articles accessibles uniquement sur abonnement ne devraient être cités qu’en dernier recours ; il propose l’ordre de priorité suivant :

  1. Revue en open access
  2. Revue hybrides
  3. Archive ouverte institutionnelle
  4. Toutes les autres sites en open access, aussi bien les réseaux sociaux de recherche type Academia.edu ou Researchgate que les archives thématiques comme SSRN

(L’auteur de l’article prône également la citation des DOI, l’usage d’URLs compactes et l’abandon de la pagination)

Aaron s’interroge, en conclusion, sur les indicateurs qui permettront aux BU de réaliser qu’il est temps pour elles de diminuer les activités traditionnelles : « la baisse des téléchargement d’articles par utilisateur pour les revues sur abonnement ? La baisse des consultations du site web de la bibliothèque ?
A partir de quel pourcentage de la production éditoriale annuelle en open access les BU commenceront-elles à réduire la voilure ? »
[Photos : Santi, Lena CH]

Chorus et Share

5009661582_7c08e91ebd_mL’annonce faite en février dernier par la Maison Blanche requérant la mise en accès ouvert des résultats de la recherche financée sur fonds publics invitait les agences gouvernementales concernées à mettre en place des outils pour assurer le stockage et la diffusion de ces données. Deux réponses ont émergé pour faire face à cette exigence, l’une émanant des éditeurs commerciaux, Chorus, l’autre étant soutenue par les bibliothèques, Share.

Chorus : on s’occupe de tout
L’argument principal des tenants de Chorus, c’est, believe it or not, de faire faire des économies au gouvernement américain. Les éditeurs s’engagent en effet à monter à leurs frais un portail d’accès aux articles en OA hébergés sur leurs plateformes. Les données sur le financement seraient mises à jour grâce à l’outil FundRef, déclinaison spécifique du système CrossRef pour l’identification et le signalement des publications (c’est CrossRef qui attribue les DOI aux articles). Du coup, plus besoin pour les autorités de maintenir des outils comme PubMedCentral, l’archive ouverte financée par les NIH.
Sauf que…
– Les éditeurs ne savent pas signaler correctement les articles en OA dans leur propres bases (voir mes essais précédents, par exemple).
– Ce n’est d’ailleurs pas dans leur intérêt : c’est même plutôt le contraire. Faire en sorte que ce soit la croix et la bannière pour trouver un article en OA, ou qu’au final la consultation se fasse en mode dégradé (sans possibilité de télécharger ou d’imprimer, par exemple), bref que l’expérience utilisateur soit bien meilleure sur les interfaces payantes, c’est aussi une stratégie de protection du patrimoine des éditeurs.
– Ce sont les agences qui ont les données les plus précises, les plus exhaustives et surtout les plus justes sur les financements, pas les éditeurs : le temps que FundRef soit réellement exploitable risque d’être assez long, ce qui risque de ralentir encore la mise en accès public des contenus.

Share : entrez, c’est ouvert
Ce que proposent les associations de bibliothèques et d’universités à l’initiative de Share (ARL, AAUL, APLU), c’est de s’appuyer sur le réseau des archives ouvertes existantes, qui serait en quelque sorte moissonné pour permettre une recherche fédérée. La plupart des archives ouvertes utilisant des logiciels open source et des protocoles libres, il ne devrait pas y avoir de problèmes d’interopérabilité. L’ARL a obtenu une subvention de 50 000$ de la Sloan Foundation , qui doit permettre de concevoir une feuille de route pour la mise en place du projet.
Fiche d’informations de l’ARL sur SHARE
Le draft du projet SHARE
Pour l’instant on ne sait pas lequel des 2 projets sera choisi : les projets ont bien été présentés dans le délai de 6 mois imposé par l’OSTP, mais on ne sait pas quand les agences se prononceront.

[Photo : Opensourceway]

FRPAA et FASTR

3032252292_c5979d18c1_mVoilà quelques temps que je me dis qu’il faut que je fasse un billet sur FRPAA, et voilà qu’arrive FASTR : je vais tâcher de faire un petit récapitulatif sur ces 2 projets de loi.

Au commencement était FRPAA
Le Federal Research Public Access Act (FRPAA), proposé à plusieurs reprises depuis 2006, est un projet de loi qui demande la mise en accès libre des résultats de la recherche financée sur fonds publics par 11 agences fédérales des Etats-Unis. Les agences en question financent chacune pour plus de 100 millions de dollars de recherche, et couvrent la plupart des secteurs d’activité : agriculture, education, défense, santé etc. Elles doivent mettre en oeuvre une politique de libre accès et s’assurer que les articles soient déposés soit sur leurs propres serveurs, soient dans des archives ouvertes, afin de garantir un accès libre et pérenne aux documents. Ceux-ci doivent être rendus accessibles dans un délai de 6 mois maximum après publication dans une revue académique.
Malgré des soutiens de plus en plus nombreux (le dernier en date provenant d’une cinquantaine de prix Nobel, tout de même), le projet n’est jamais passé au vote dans les instances législatives américaines.
Comme on peut s’y attendre, l’Association of American Publishers (AAP) s’oppose fermement à ce projet depuis le début, arguant que cette loi, si elle était votée, placerait les agences fédérales en concurrence avec les éditeurs privés, saperait à la fois le copyright et le système de peer-review (on ne voit/dit pas bien comment, mais la dialectique à base de FUD a comme un air de déjà vu), et, surtout, entraînerait des coûts et du travail supplémentaires pour les agences qui seraient obligées de créer des bases de données pour organiser l’accès aux documents, alors que de tels outils existent déjà (produits par le secteur privé).
Puis vint FASTR
Le projet de loi Fair Access to Science and Technology Research Act (FASTR), qui vient tout juste d’être soumis aux 2 chambres américaines, reprend les mêmes revendications que FRPAA, mais les renforce en demandant en plus :
– à ce que les résultats de recherche puissent être réutilisés et traités informatiquement (analyse et fouille de données)
– à ce que les articles déposés dans les archives ouvertes le soient dans des formats et selon des conditions qui permettent la réutilisation des données
– à ce que les rapports annuels des agences concernées dressent un état des conditions de réutilisation des articles déposés et étudient la possibilité de les diffuser sous une licence permettant une libre diffusion à condition de mentionner la paternité des auteurs.
2086157902_481ecf2e04_mComme pour FRPAA, les agences auront 1 an de transition pour implémenter leur politique de libre accès. Comme pour FRPAA, les questions de copyright ne sont pas directement remises en cause : les agences ne demandent pas le transfert des droits, elles utiliseront des licences non-exclusives pour la diffusion (après, aux auteurs de regarder de près ce qu’ils signent et ce qu’ils cèdent aux éditeurs…). Comme pour FRPAA, les agences seront libres de choisir l’organisation qui leur convient pour la mise en oeuvre de leur politique : le projet n’impose pas de modèle unique.
Dans les 2 cas, c’est la voie verte (« green OA ») qui est mise en avant : les articles doivent être déposés dans des archives ouvertes, dans leur version acceptée pour publication. Rien n’empêche les auteurs de publier aussi dans des revues en libre accès (« gold OA »), mais ce n’est pas l’objet du projet.
Sorti le 13/02, FASTR a d’ores et déjà le soutien de plusieurs associations (bibliothèques US, SPARC, Electronic Frontier Foundation, Creative commons…), qui soulignent que « cette loi fait avancer les progrès réalisés avec la politique d’accès public des NIH, la première agence américaine a exiger un accès public aux résultats de la recherche financée par les contribuables. Depuis la mise en place de cette politique, ce sont en moyenne 90 000 nouveaux articles dans le domaine biomédical qui sont accessibles à tous chaque année. Et la demande pour ce type d’information est extrêmement forte, avec plus de 700 000 visiteurs uniques se connectant [à Pubmed Central] chaque jour. Avec FASTR, les résultats de recherche concernant des thématiques également importantes – du changement climatique aux énergies renouvelables – seront tout aussi facilement accessible au plus grand nombre. »
3031410561_6fdf0f6ba6_mDe nouveau, l’AAP a rapidement manifesté son opposition : pour elle, FASTR est « inutile et un gaspillage d’argent public »… (je vous fais grâce du reste des arguments, ce sont toujours les mêmes).

Sources

[Photos : Mederic,Artchemist2007, Mederic]

Effet positif des mandats pour le green OA

4336201148_e66ac0db54_mContrairement à ce qui est avancé dans le rapport Finch, il semble bien que l’existence d’une obligation de dépôt dans une archive ouverte soit fortement corrélée avec le nombre de dépôts effectifs. C’est en tout cas la conclusion à laquelle arrivent des chercheurs canadiens et britanniques dans Testing the Finch Hypothesis on Green OA Mandate Effectiveness :
« … les obligations de dépôt en Open Access ont un impact majeur, et plus l’obligation est forte, plus cet impact est important (le mandat de l’université de Liège, qui lie le dépôt à l’évaluation des performances de recherche étant le modèle le plus « contraignant »). Le conseil de la recherche du Royaume-Uni (Research Council of the UK, RCUK), ainsi que toutes les universités, les institutions de recherche et de financement de la recherche au niveau international seraient bien inspirées de mettre en place de fortes obligations de dépôt dans les archives ouvertes et d’instaurer des mandats institutionnels et liés au financement de la recherche. »
Selon les auteurs, les obligations de dépôt permettent d’augmenter significativement le taux de publications en libre accès : pour le royaume-uni il serait proche de 40%, alors que le taux moyen tourne plutôt autour de 25%.
[photo : lissalou66]

Une subvention pour la gouvernance d’ArXiv

La bibliothèque de l’Université Cornell vient de bénéficier d’une subvention de la Simons Foundation pour assurer la viabilité d’ArXiv, l’archive ouverte de référence en sciences. En janvier 2010, la bibliothèque avait attiré l’attention de la communauté scientifique internationale sur la nécessité de trouver un financement pour assurer le fonctionnement et l’évolution de l’archive. Plus de 300 000$ avaient été trouvés dans l’année, auprès des universités et établissements de recherche les plus utilisateurs de l’archive.
Cette subvention, d’un montant de 60 000$, financera le travail sur le modèle économique de l’archive, et sur sa viabilité à long terme ; elle vise en effet à :
« – développer un ensemble de principes de fonctionnement pour arXiv et solliciter l’avis d’acteurs-clé
– affiner le modèle économique institutionnel et le prévisionnel budgétaire
– déterminer un modèle de gouvernance et des règles définissant clairement les rôles et les responsabilités de la bibliothèque et de ses partenaires
– mettre en place un premier conseil de gouvernance, reflétant les niveaux de contribution financière des principaux acteurs et la communauté scientifique »
Elle vient s’ajouter aux contributions annuelles des établissements.
Le site arXiv support fournit des informations très détaillées sur le montant des contributions, sur les statistiques d’usage et sur les coûts de fonctionnement.
[photo : Jsome1]

CR : Publications scientifiques et financement européen

J’ai assisté cette semaine à la matinée d’étude « Publications scientifiques et financement européen » organisée par Couperin pour présenter les initiatives de la Commission Européenne sur le sujet, et plus particulièrement le projet OpenAIRE.
La manifestation était de qualité, j’en retiens plus particulièrement 2 temps :
Keynote : Reconstruire la République des sciences par le libre accès : responsabilités et évaluation des chercheurs – Jean-Claude Guédon
Pour JCG, la Science est une « grande conversation ». Les associations savantes, les éditeurs, les bibliothécaires soutiennent cette « grande conversation », en diffusant l’information scientifique. Il fait les constats suivants sur la diffusion en libre accès :
– L’Open Access a rencontré beaucoup de succès depuis sa naissance en 2001-2002 : il existe de + en + d’archives institutionnelles, et plus de 5000 revues en OA sont recensées par le DOAJ. Un mouvement qui prend de l’ampleur, mais qui hésite sur la suite.
– Une faiblesse : le déséquilibre qui demeure entre le rôle des bibliothécaires (très positif, mais qui manque de légitimité) et la logique des chercheurs (relativement indifférents aux nouveaux usages mis en avant par les bibliothécaires)
– Malgré ces progrès, l’intérêt des chercheurs demeure pour les revues prestigieuses, et pas pour les revues en OA de visibilité moyenne (PLoS, Biomed Central), en raison de leur utilisation comme élément d’évaluation de la carrière des chercheurs.
Comment faire avancer les choses ? Vraisemblablement en faisant évoluer les métriques utilisées pour l’évaluation des chercheurs.
Si on prend le cas du facteur d’impact – de plus en plus détourné de son usage initial (l’évaluation des revues) pour évaluer les chercheurs – on voit que, à l’instar des pratiques utilisées en athlétisme pour la course de sprint, où les temps sont désormais calculés au centième de seconde, le facteur d’impact a lui aussi 3 décimales : on a augmenté artificiellement sa valeur pour créer de la compétition, du spectacle. Du coup, comme en athlétisme, on voit émerger des « champions » de la recherche, et du « dopage » : certains n’hésitent pas à adapter leur production scientifique à la métrique (voir des exemples d’articles retirés et autres malversations intellectuelles sur le site Badscience), qui agit comme une « stéroïde intellectuelle ». L’évaluation de la qualité générale de la science doit pouvoir se faire en dehors des « champions de la métrique » : de nouvelles formes d’évaluation peuvent s’élaborer avec l’Open Access ; on peut imaginer par exemple de mesurer un facteur d’éducation, un facteur social… Cela permettrait de reconstruire le jeu de la concurrence scientifique de façon plus saine, d’articuler la quête de l’excellence à la quête de la qualité. Plusieurs pays se sont démarqués de cet indicateur et ont bâti leurs propres métriques, notamment en Amérique Latine avec SCIELO.

Table-ronde – Rendre les travaux librement accessibles : quel intérêt pour un chercheur ?
Il a été demandé aux 4 intervenants – des « power users » de Hal, issus de différents organismes de recherche, qui déposent beaucoup – comment ils percevaient leur plateforme :
– Importance de Hal pour repérer la littérature grise : le fait que Hal héberge d’autres types de documents que les articles (thèses, rapports…) est très apprécié : il permet de mettre en valeur facilement toutes les publications sur un projet, ainsi que de collaborer sur des documents non publiables (cas d’un document de travail alimenté en commun dans le cadre d’un projet européen)
– Intérêt principal pour le chercheur : avoir la liste complète de ses publications à un seul endroit, et pouvoir l’utiliser pour alimenter une page perso, ou la page de son laboratoire.
– Hal est un moyen de mettre sa production à disposition du public (qui n’a pas forcément accès aux revues en ligne dans lesquelles la recherche est publiée), mais pas un système de validation (ce rôle reste celui de la revue). C’est un auxiliaire utile, mais pas un outil de travail principal.
– Forte utilisation de Google ou Google Scholar comme point d’entrée dans une recherche, les chercheurs se tournent vers les bases de données spécialisées à partir du moment où ils veulent citer des articles. Hal n’est pas utilisé comme moteur de recherche.
– Le fait que les dépôts dans Hal soient assez rapidement indexés par Google Scholar est un vrai plus pour se faire connaître et de se faire citer.
– Hal est devenu petit à petit un outil partagé par les chercheurs, un point commun entre différentes institutions, toutes disciplines confondues.
– En ce qui concerne les améliorations souhaitées : plus d’automatisation pour repérer les travaux publiés dans les bases des éditeurs et demander aux auteurs de déposer, une compatibilité avec d’autres outils que Pubmed et ArXiv ; Endnote est cité.
[photos : Vestman, Waltarrrr]

Changements pour E-LIS

Je relaie bien volontiers aujourd’hui ce communiqué de l’équipe d’E-LIS, l’archive ouverte internationale spécialisée en sciences de l’information et des bibliothèques :
E-LIS a migré sur D-SPACE
L’AePIC CILEA – Consorzio Interuniversitario Lombardo per L’Elaborazione Automatica – le consortium universitaire italien qui héberge et assure la maintenance technique d’E-LIS, a proposé en 2010 de passer d’EPrints à DSpace. L’équipe d’E-LIS a accepté cette proposition, et la migration a eu lieu entre décembre 2010 et janvier 2011, grâce à l’excellent travail de l’équipe de Susanna Mornati et d’Andrea Bollini. La migration est terminée, il reste jusque quelques améliorations à apporter à l’interface utilisateur, qui vont être effectuées au cours des semaines qui viennent. Nous avons conscience du fait que ce changement peut causer quelques difficultés aux utilisateurs habitués à déposer dans EPrints. Nous vous invitons, si c’est votre cas, à nous contacter via la liste de diffusion [http://groups.google.com/group/e-lis-e-prints-in-library-and-information-science] pour obtenir de l’aide dans le processus de dépôt.

De nouvelles organisations soutiennent E-LIS
Nous sommes heureux de vous annoncer qu’E-LIS est dorénavant soutenu par un plus grand nombre d’institutions :
– le CILEA via l’équipe AePIC, gérée par Susanna Mornati, qui apporte son soutien technique à E-LIS depuis janvier 2003
– la FAO (ONU) via son équipe FAO AIMS, gérée par by Johannes Keizer, engagée dans E-LIS depuis 2010
DURASPACE qui rejoint E-LIS en 2011.
Vous trouverez plus d’informations à ce sujet ici : http://eprints.rclis.org/cms/support

Une nouvelle gouvernance pour E-LIS
E-LIS est un projet à but non lucratif organisé, géré et maintenu par une équipe internationale de bibliothécaires d’horizons différents. La force de cette archive institutionnelle réside dans ses 60 éditeurs nationaux, issus de 44 pays, qui prennent en charge le contrôle qualité des métadonnées des documents auto-archivés par leurs auteurs, ainsi que le respect des politiques de soumission et de copyright. E-LIS dispose de 5 éditeurs régionaux qui interviennent en appui aux éditeurs nationaux pour assurer le bon fonctionnement du processus de dépôt et pour coordonner leur travail. Ce travail éditorial est effectué sous la houlette d’un comité de rédaction (Executive Board), qui gère les décisions politiques, les partenariats, les nouvelles actions, les collaborations et tout autre sujet intéressant E-LIS. Le comité de rédaction est composé de 2 rédacteurs en chef (chief executives), de 2 représentants de l’équipe éditoriale, de 2 représentants du CIEPI – International Centre for Research in Information Strategy and Development – qui est l’association créée par les membres d’E-LIS pour représenter administrativement et juridiquement les intérêts d’E-LIS – et de 2 représentants techniques expérimentés dans l’utilisation de DSpace. En complément de cette structure s’ajoute un organe de conseil (advisory board), formé par les institutions et les individus qui soutiennent E-LIS.
Vous trouverez plus d’information à ce sujet ici : http://eprints.rclis.org/cms/governance

Enfin, cette année est celle du 8ème anniversaire d’E-LIS !

Pour finir, je voudrais remercier, de la part de toute l’équipe d’E-LIS, la communauté des sciences de l’information et des bibliothèques, qui nous a fait confiance jusqu’ici.

Cordialement,
Imma Subirats
E-LIS Chief Executive and Co-Founder
E-LIS, E-prints in Library and Information Science
http://eprints.rclis.org/

Déjà 300 000 $ pour arXiv

En janvier dernier, l’Université de Cornell faisait savoir à la communauté qu’elle ne pouvait plus assumer seule le fonctionnement d’ArXiv, l’archive ouverte de référence dans le domaine de la physique et des disciplines associées, et qu’elle allait demander une contribution aux établissements les plus utilisateurs du service.
Où en sommes-nous 10 mois après ? Selon cet article du Chronicle, Cornell pourrait d’ores et déjà compter sur environ 300 000$ de contributions, émanant de 85 institutions. Mais cela risque de ne pas suffire : d’après Anne Kenney, la bibliothécaire de l’Université, les coûts de fonctionnement et d’évolution du service pourraient avoisiner annuellement le demi-million de dollars. La question du modèle économique de cette archive, et des archives ouvertes en général, reste donc posée.
[photo : sonicfour]


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