Ce post du Vancouver Law Librarian attire notre attention sur la nécessité, pour les bibliothécaires et autres professionnels de l’information, d’étendre le périmètre de leur veille : en plus des bases de données, revues et sites web, il faut également regarder ce qui se fait du côté des applications pour mobiles, tant pour leurs aspects fonctionnels que pour les contenus proposés. En France nous avons un peu de marge – aucun éditeur juridique, par exemple, ne propose ce type d’appli, à ma connaissance – mais aux Etats-Unis on voit déjà arriver de la jurisprudence (Fastcase, Lexis-Nexis), et les éditeurs en sciences dures s’y sont mis aussi (ces jours-ci c’est Nature qui sort son appli). Alors il va falloir suivre, tester, essayer. (<digression>Mais comment on fait pour tester quand on n’a pas de smartphone ? On peut utiliser un émulateur : ça sert plutôt pour les programmeurs, mais pourquoi ne pas l’adapter à d’autres usages ?</digression>)
D’autant plus qu’il n’y a pas que les applis mobiles à avoir dans le radar, il y a aussi les extensions pour les logiciels plus traditionnels : ainsi, Lexis vient d’annoncer une extension pour les produits MS Office (Word et Outlook), qui permet de lancer des recherches dans la base, mais aussi sur l’intranet de l’entreprise, depuis les applications bureautiques, sans passer par la case navigateur… Et je ne vous parle même pas de tout ce qui gravite autour du livre électronique (livrels et autres liseuses, e-paper etc). Damned, mais comment allons-nous pouvoir suivre tout ça ? Qui va faire cette veille dans la bibliothèque ? « On n’a pas le temps de faire de la veille », vous savez bien… Et bien, m’est avis qu’il va falloir commencer à le prendre, le temps…
[photo : colodio]
Un petit mot (si si, promis : court, le mot) pour revenir sur la question des e-reader/tablettes/ lecteurs d’ebooks ou de livrels auxquels les professionnels des bibliothèques ont peut être du mal à accéder: l’ADDNB proposera en 2010 à ces adhérents un service de prêt de tablettes.
Initiative à saluer qui est sans doute une piste pour les bibliothèques qui désire proposer de nouveaux services tout en phasant leur engagement. Je viens de le découvrir alors que le poste date du 28 janvier sur le site de l’addnb. Comme quoi toute veille est perfectible…
http://www.addnb.fr/spip.php?article613
@dbourrion : merci, je me sens moins seul ;-).
Non, sérieusement, je sais qu’enfoncer des portes ouvertes en s’énervant ça n’est pas très constructif (mais ça fait du bien).
Je note cependant que je ne suis tout de même pas allé aussi loin que toi : les bibliothèques n’existeront plus dans 10-20 ans (ce n’était pas QU ‘une plaisanterie, n’est-ce pas ?).
Je le pense un peu également, et c’est peut être ce qui m’embête le plus dans cette histoire : le monde des bibliothèques (françaises ?) semble continuer à tourner comme si de rien n’était. Les veilleurs professionnels vont vers le texte-mining et le data-mining. les archivistes passent comme si de rien n’étaient au numérique et au record-management. Les responsables TICE forment aux techno du web2.0 et assimilées. Les musées font des choses extraordinaires côté médiation numérique et dématérialisation-préservation numérique. Les chercheurs s’occupent beaucoup mieux que nous d’openaccess (ceux que ça intéresse j’entends). Il en va ainsi de toutes les professions de l’info-doc. Elles évoluent. Elle s’adapte. Sauf la notre. Du moins c’est mon ressenti. Je parle de la profession dans son ensemble (dans sa caractérisation institutionnelle à vrai dire, même si je ne saurais la définir précisément).
Nous, les « bibliothécaires », que faisons nous là-dedans ? Où allons nous ?
Je n’ai pas la réponse bien entendu (quelque chose entre la formation et l’animation-sensibilisation culturelle, qui sait ? Mais la « place » – on pourrait dire la « niche écologique » pour reprendre un ton évolutionniste – sera prise au rythme où vont les choses). Sans doute nos professions sont-elles plus complexes et empreintes de médiation… Sans doute suis-je trop jeune, naïf et/ou ignorant de fondements théoriques dont je n’ai même pas conscience. Qui sait ?
Mais, si je ne me risquerai pas comme toi à dire que les bibliothèques disparaîtront (les lieux ont leurs usages), je ne crois pas prendre trop de risques en disant que les bibliothécaires n’existeront bientôt plus.
@amarois : je comprends et partage ton énervement (bon un peu moins, nous sommes mieux lotis on dirait) – mais je voulais juste te dire : tu sais, ce n’est pas grave….
Les bibliothèques auront disparu dans 10 ans, peut-être 20. C’est la loi de la sélection naturelle : ce qui ne sert à rien, ne s’adapte pas, disparaît. Mais ce n’est pas grave. C’est juste la vie… 😉
Merci Marlène pour ce poing (…dressé, donc).
Je suis tout à fait d’accord avec toi. Les choses s’accélèrent (encore), et nous allons (encore) prendre dans les bibliothèques 2, 3, 5 ans dans la vue.
La fonction de responsable médiation numérique émerge et la veille est à la mode – dirons-nous (« Tiens, si je faisais mon univers Netvibes ? »). Soit. Mais, on a attendu combien de temps pour ça (pour que ce type de fonction soit reconnue et recherchée…à certains endroits ) ? Bah, le passé est le passé me diras tu.
Mais bientôt vont arriver dans nos bib. (allez, soyons optimistes) des usagers avec des liseuses d’ebook (soyons optimistes, j’ai dit), des Nexus, iPad,… . Nos fournisseurs de contenu vont systématiquement proposer de nouveaux formats d’exports (je ne parle même pas de Google Books et l’Epub,…),… . C’est ton propos.
Mon exemple : c’est tout bête, mais ici nous n’avons aucun pc sous vista ou windows 7; quand un usager a un souci de connexion wifi sur son portable tout neuf (ça arrive, si, si), c’est la débandade. Personne n’a (encore) de smartphone. Encore moins de liseuse électronique. Qu’est-ce que cela va donner dans quelques temps (mois ? semaines ? jours…) ? Cela va de paire avec les usages mobiles et l’accès à nos opac (ce terme va finir par me donner la nausée : on dirait le bruit d’un insecte s’écrasant sur un pare-brise de voiture à 130km/h ; WoooooPAk !!! La voiture, c’est le web de tous les jours, le web 2.0, les réseaux sociaux , les standards d’accessibilité, Amazon et Google…et l’insecte, c’est nous, les bibliothèques et nos carapaces kitineuses étanches aux rayons gamma mais lourdes, cambriennes et encombrantes renfermant des organes tous mous. Beurk). De même, si nous nous intéressons aux livres électroniques, c’est avant tout pour écouler le budget; aucune politique de promotion, sensibilisation, ou de service derrière (à part une petite formation « livres numériques », en passant, pour appâter le public).
Les bibliothèques ont mis du temps à proposer des postes avec accès internet (il me semble : j’étais jeune). Encore plus de temps à proposer du wifi (là, je suis témoin). Je doute que la réactivité soit à la hauteur de ce qui nous attend.
Une veille élargie est bien entendu une solution, mais vu la difficulté de faire entrer dans les habitudes une veille « restreinte-au-strict-minimum-syndical-que-c-tout-de-même-pas-compliqué! » et l’inertie des établissements (je n’ai pas parlé des conservateurs, encore ? Ha, ben voilà, c’est fait), permets moi d’être plutôt fataliste (snif!).