26 et puis c’est tout

Retour sur le buzz du week-end dans la bibliosphère américaine : l’affaire Harper Collins OverDrive.
Overdrive, l’un des principaux diffuseurs de livres numériques pour les bibliothèques aux Etats-Unis, vient d’envoyer à ses clients un courrier faisant état de prochains changements dans la licence d’utilisation du service, pour répondre à la demande d’un éditeur (on apprendra par la suite qu’il s’agit d’Harper Collins). Cet éditeur souhaite en effet que la consultation des e-books mis à la disposition des bibliothèques soit limitée en nombre : au bout de 26 « prêts », le document n’est plus accessible, et la bibliothèque doit le racheter.
Tollé chez les bibliothécaires, naturellement : ce post de Librarian by Day rassemble un florilège des nombreux commentaires que la nouvelle a suscité dans le milieu des bibliothécaires et en dehors, et on peut suivre les réactions des uns et des autres sur Twitter sous le hashtag #hcod.
Racheter un e-book ? Oui oui, comme quand les livres nous reviennent en piteux état, avec les pages arrachées etc. Sauf que… arracher les pages d’un livre numérique ?!? Là clairement il va falloir choisir : soit on considère que le livre numérique, c’est pareil que le livre papier (même prix, un seul prêt à la fois), mais alors on peut le conserver, soit on dit que le livre électronique obéit à des règles différentes, et on peut faire plus de choses avec (accès illimité, accès multi-supports, contenus enrichis, pas de DRM…), ou le payer bien moins cher…
En BU on a déjà connu ça pour les revues (la fin de la propriété des contenus en faveur de l’achat d’accès limités dans le temps), et on s’est plus ou moins adaptés (avec quand même souvent l’ajout de clauses pour l’accès aux archives), en soulignant toutefois les risques d’uniformisation de l’offre documentaire : on voit dans le modèle proposé par Harper Collins que la poldoc en prend encore un coup, les bibliothèques finissant par ne racheter que les best-sellers… Peut-être cela dit que le modèle qui convient à l’information de type « revues » n’est pas forcément adéquat pour le livre, mais bon, je ne suis pas spécialiste.  Problème anecdoctique soulevé par ce type de licence : la question du signalement dans les catalogues (comment suivre les notices d’ouvrages qui disparaissent au  bout du 26ème prêt ? et peuvent réapparaître à la prochaine commande ?).
L’éditeur justifie ce revirement ainsi : « Nous pensons que ce changement permettra d’établir un équilibre entre la plus-value que les bibliothèques tirent de nos titres et la nécessité de protéger nos auteurs, et d’assurer pour les années à venir leur présence dans les bibliothèques publiques et au sein des communautés qu’elles desservent . »
Il me semble que ce que tout cela prouve, c’est qu’il est difficile de trouver des modèles économiques pour le livre numérique (voir les pistes que donne Eric Hellman), et que les éditeurs auraient beaucoup à gagner à travailler en concertation avec les bibliothécaires sur le sujet…
[Photo : Elisabeth Thomsen]

2 Réponses to “26 et puis c’est tout”


  1. 1 jean-charles 27/02/2011 à 18:42

    Tout cela me donne à penser que les éditeurs ont réussi à mettre en place un modèle économique inacceptable pour les revues, ils auraient tort de ne pas tenter la même chose avec les e-books 🙂

    • 2 Benjamin Bober 28/02/2011 à 10:28

      Je crois que cette situation est peu comparable avec celles des revues scientifiques, mis à part le fait qu’Harper Collins n’est pas un éditeur scientifique.
      Dans le premier cas, on a des situations de monopole en face d’un marché restreint. Dans le second, on a un éditeur parmi d’autres qui voit un formidable marché en expansion, notamment aux USA. J’ai l’impression que sa stratégie est justement de faire une offre inacceptable pour les bibliothèques afin qu’il n’y ait aucune interférence possible avec le client final.


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