« Disons que vous avez besoin d’un site web complet. Si certains modules logiciels, comme WordPress, ou Drupal, ou une autre application vous conviennent, alors vous n’êtes qu’à quelques clics d’avoir un système en parfait état de marche, dans les nuages. Vous devez comprendre ça, et c’est pourquoi les postes d’administrateurs-système sont menacés – au moins dans les bibliothèques.
Si vous ajoutez à cela les offres hébergées comme celles de mon employeur [OCLC], ou de nos concurrents Ex Libris ou Innovative Interfaces, vous comprenez que le futur n’est pas dans l’hébergement de vos propres systèmes, ni dans l’emploi de votre propre administrateur système – c’est plutôt dans la gestion de votre propre solution déportée dans le nuage.
C’est la raison pour laquelle je suis si pessimiste sur l’avenir des administrateurs système dans les bibliothèques. Si vous ne travaillez pas dans une grosse bibliothèque universitaire, qui continuera vraisemblablement à avoir besoin de vos compétences, ou dans une autre organisation avec des besoins spécifiques peu ou mal couverts par les solutions de cloud computing, alors je pense que vous pouvez commencer à chercher du boulot ailleurs. Vraiment. Vous me remercierez plus tard. »
If you are a library sysadmin, you’re toast – Roy Tennant, Library Journal, 17/10/2011
[photo : Sheep purple]
Archive pour octobre 2011
« Fermez les yeux et imaginez la situation suivante…
Nous sommes en 1988, et les bibliothèques sont concentrées sur les livres et les revues imprimés, les bibliothécaires sont toujours le passage obligé vers l’information, et la capacité à dire « Chut ! » au lecteur est une compétence reconnue.
Un utilisateur entre dans votre bibliothèque en quête de livres à emprunter pour ses recherches. Au lieu de voir une grande pièce remplie de livres rangés par sujet, il tombe sur une suite de petites salles. Chaque salle contient les livres d’un éditeur, et toutes les portes sont fermées. L’utilisateur salue le bibliothécaire, qui lui donne un gros trousseau de clés ainsi qu’une feuille avec des codes d’entrée. C’est nécessaire, parce que chaque salle doit être ouverte selon une méthode différente. Cela peut même se compliquer, car certaines salles limitent le nombre de visiteurs à 2 à la fois, ou bien éjectent les visiteurs après une demi-heure de consultation.
Fort heureusement, notre utilisateur sait de quels livres il a besoin, et vous le guidez vers la bonne salle. Après plusieurs tentatives, vous parvenez, soulagé, à lui ouvrir la porte. Il doit maintenant faire face à un nouveau défi : chaque salle possède des règles différentes pour la consultation et le prêt de livres. Dans certaines on peut consulter les livres sans limitation, et dans d’autres une voix mécanique rouspète au bout de 5 pages : « Arrêtez la consultation ! Si vous voulez en lire plus, empruntez-moi d’abord ! »
Notre utilisateur trouve les livres qu’il lui faut et lit les instructions sur la couverture. Pour un des livres en particulier, il faut également emprunter des lunettes spéciales, sans lesquelles la lecture n’est pas possible. Par chance, une paire de lunettes est disponible, et l’utilisateur vient vous voir pour emprunter les livres. Vous lui donnez les lunettes et estampillez chaque livre (merci de noter que chaque éditeur nécessite un tampon différent, et applique des règles différentes sur la durée de prêt d’un livre).
L’utilisateur commence à parcourir le livre et réalise qu’il faudrait qu’il en photocopie quelques pages, pour pouvoir prendre des notes. Malheureusement, il n’est techniquement pas possible de photocopier le premier livre, et on ne peut copier que 5 pages du second (mais pas dans le même chapitre).
Devant la photocopieuse, notre utilisateur rencontre un collègue. Celui-ci est intéressé par l’un de ses livres, et lui demande s’il peut le lui emprunter pendant quelques heures. Hélas, notre utilisateur est attaché au livre en question par une paire de menottes. Les 2 collègues doivent maintenant se présenter à l’accueil de la bibliothèque pour faire ouvrir les menottes avant de pouvoir se passer le livre.
Est-ce que cela vous semble irrationnel ? Inimaginable ? Pourtant, s’il on revient en 2011, c’est exactement la situation dans laquelle on se trouve en bibliothèque avec les livres électroniques … »
Merci à Dennie Heye (Dank u zeer !) de m’avoir permis de traduire son billet The one with the e-books chaos.
[Photos : EJP Photo, Pot Noodle]