Deux annonces qui auront sans doute des conséquences douloureuses pour les bibliothèques et, partant, pour leurs usagers :
– Le New-York Times va retenter l’expérience de l’accès payant : après 2 essais qui ont tourné court faute de lecteurs, le NYT se donne l’année 2010 pour mettre au point un modèle économique et technique qui tienne la route pour 2011. L’idée, c’est de créer une source de revenus complémentaires à ceux de la publicité. D’après les rumeurs, un certain nombre (non encore défini) d’articles serait accessible librement, ensuite, une fois le quota atteint, l’internaute serait invité à souscrire un forfait (« a fee ») pour accéder à la totalité des contenus. Le public visé est bien celui des grands lecteurs du journal – seront-ils prêts à payer, à l’instar de ceux des grands quotidiens économiques (WSJ ou FT) qui ont déjà choisi cette voie ? L’enjeu est également technique : en l’absence de solution universelle, il va falloir composer avec la diversité des modes de connexion (IP, identifiants, vpn…) – comment faire entrer les usages de type bibliothèque dans tout ça ? Comment préserver l’accès public à l’information ?
– Un groupe d’éditeurs de revues et magazines généralistes vient d’accorder l’exclusivité de leur diffusion à Ebsco via la plateforme Ebscohost, c’est en tout cas ce qui a été annoncé lors de la conférence d’hiver de l’ALA la semaine dernière. Je n’ai pas encore vu de liste officielle, mais une quinzaine de titres circule, parmi lesquels Time, Forbes, Harvard Law Review, History today – les autres bases y donnant accès actuellement vont devoir les retirer de leurs plateformes. Un monopole de plus dans l’édition électronique, direz-vous – à juste titre. Qui vient assombrir les possibilités de négociation des bibliothèques, tout comme l’ont fait les premiers contrats de type « big deal » en leur temps. Et qui est d’autant plus gênant qu’Ebsco se pose ici en tant qu’agrégateur (des contenus de plusieurs éditeurs différents) : concrètement cela veut dire une diversité moindre dans l’offre de contenus, et une augmentation probable du coût de l’accès aux bases de données qui proposeront ces contenus exclusifs, histoire de permettre à Ebsco de rentrer dans ses frais (qui ne doivent pas être triviaux, vu la mauvaise santé financière de la presse généraliste). La concurrence s’organise : déjà, Gale a publié une lettre ouverte aux bibliothécaires pour les alerter sur ces pratiques douteuses, et réaffirmer que eux, lorsqu’ils ont répondu à l’appel d’offre des éditeurs, n’ont jamais parlé d’exclusivité…
Le problème se pose différemment de ce côté-ci de l’Atlantique : là-bas, les bibliothèques publiques achètent aussi bien de la doc électronique de niveau recherche que des ressources grand public, ici les BU gèrent la pénurie en privilégiant les ressources de niveau recherche et en rognant sur tout ce qui n’est pas lié aux thématiques de leur université… enfin, j’ai l’impression. Peut-être que je me trompe, et peut-être, par exemple, que l’offre de magazines de Cairn va remporter un grand succès ; j’attend de voir.
[photo : MyEyeSees]
Je voudrais juste donner mon opinion sur l’offre CAIRN, qui me semble mal adaptée… Je m’explique : lorsque l’on m’a demandé de tester cette offre, je m’attendais à trouver un outil de consultation ergonomique et attrayant. Rien de tout cela, on a une interface de base de données des années 80, performante mais pas folichonne du tout. Si ça marche, j’en serai fort étonné !