Archive pour avril 2011

Bilan mitigé pour les ERMS

Une enquête du Library Journal sur les attentes des bibliothécaires en matière d’ERM (Electronic Resources Management systems) fait ressortir les priorités suivantes :
Gestion des workflows (suivi du cycle de vie des ressources électroniques)
C’est sans doute la partie la plus difficile à gérer : chaque établissement disposant de spécificités locales, il est difficile de faire entrer ses particularités dans les interfaces standard des systèmes du marché ; les bibliothécaires, souvent obligés de trouver des solutions de contournement, en sont moyennement satisfaits.
Gestion des licences (stockage des informations contractuelles, et diffusion des conditions d’utilisation)
Un bon point pour les solutions existantes, qui permettent toutes de dépouiller les clauses des licences, d’y faire référence et de les diffuser auprès du public, dans l’OPAC par exemple. Un bémol : l’accès aux ressources se faisant via les nouveaux outils de découverte (à la Summon) ne permet pas pour l’instant de récupérer les données de licences.
Gestion des statistiques (récupération et traitement des données)
Malgré l’adoption de SUSHI par un nombre grandissant d’éditeurs, son utilisation n’est pas universelle, et son intégration dans les outils du marché met du temps à arriver. Les bibliothécaires ont donc toujours une bonne partie des données à traiter manuellement.
Stockage des infos d’administration (identifiants d’accès à l’interface administrateur)
Un autre bon point pour la centralisation des urls, identifiants, et informations de contact qui, malgré une saisie manuelle, permet un gain de temps certain en fonctionnement courant.
Gestion des acquisitions (infos budgétaires et comptables, facturation)
C’est une demande forte des bibliothécaires, qui doivent rendre des comptes aux tutelles, et qui ne sont pas satisfaits par les outils existants. Le calcul du coût à l’usage, une analyse chronologique des dépenses s’avèrent difficiles voire impossible à obtenir. Il reste du pain sur la planche aux éditeurs de ce côté.
Interopérabilité (alimentation automatisée du système, transfert vers d’autres applications)
Gros échec pour les répondants à l’enquête du LJ que celui de l’interopérabilité. Que ce soit avec les SIGB, les résolveurs de liens ou les interfaces publiques, rien n’est intégré, la compatibilité ne va pas de soi. La faute aux standards, toujours émergents, pas encore achevés ou adoptés malgré les groupes de travail collaborant sur ces sujets. Avec pour conséquence une augmentation de la charge du travail de mise à jour, multipliée par le nombre d’outils utilisés par la bibliothèque, qui ne communiquent pas entre eux.
Du coup, beaucoup observent avec attention Web-scale management service (WMS), la solution de gestion « dans les nuages » d’OCLC, qui promet, outre la gestion des collections physiques, une gestion des accès et des modèles économiques spécifiques aux ressources électroniques. Et du coup une interopérabilité certaine entre tous ses produits…
[photo : vince viloria]

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« La référence, c’est mort »

« On a besoin de gros serveurs et d’informaticiens pour les faire tourner, » selon Neiburger. « Qu’allons-nous supprimer pour pouvoir recruter un informaticien ? Nous allons « tailler » dans le personnel du service de références. La référence, c’est mort. »
Bien qu’un bibliothécaire bien formé apporte une plus-value certaine à un entretien de référence, il se trouve que l’usager d’aujourd’hui, habitué à faire ses recherches sur Google, n’en a cure, et les bibliothécaires n’arrivent pas à s’y résoudre, d’après Neiburger.
« Les agences de voyages se sont démodées parce que les gens ont eu l’impression d’avoir un meilleur accès à l’information que ce que les agences leur proposaient. Nous sommes dans une situation similaire », ajoute-t-il. Dans son rapport « Perceptions of Libraries » de 2010, OCLC soulignait que 84% des consommateurs d’informations démarraient leurs recherches avec un moteur de recherche. Aucun des répondants à l’enquête ne commençait par un site de bibliothèque.
« Les bibliothécaires doivent accepter ce fait, et y voir une opportunité, » pour Neiburger.
« Les bibliothécaires professionnels doivent être dans les coulisses, et leur temps utilisé avec discernement. Et on peut faire beaucoup d’économies en employant du personnel de qualification différente au bureau de références. » Le fait de repenser le service de référence permettra de libérer des ressources pour construire des infrastructures de stockage et employer du personnel qualifié pour les gérer.
« Cela signifie d’avoir des informaticiens qui travaillent pour vous, et pas pour vos fournisseurs, dit-il. »

Pour Eli Neiburger, directeur adjoint de la bibliothèque d’Ann Arbor et responsable des aspects informatiques, l’enjeu c’est d’avoir le contrôle des données : l’exemple donné est celui de l’accord conclu entre la sa bibliothèque et le fournisseur Magnatune, pour la diffusion de musique en ligne – téléchargeable – à ses publics. Les fichiers sont hébergés localement et diffusés sans restrictions de type DRM. Et sa solution pour obtenir les ressources humaines nécessaires pour faire tourner tout ça, c’est de mettre des « paraprofessionnels » – en France, je pense qu’on dirait des bénévoles – aux bureaux de renseignements.
Effectivement, si la permanence au bureau de renseignements se résume les 3/4 du temps à fournir une agrafeuse/un crayon/du scotch ou indiquer les toilettes/la banque de prêt/les horaires d’ouverture, on peut peut-être se poser la question.
Geeks Are the Future: A Program in Ann Arbor, MI, Argues for a Resource Shift Toward IT
[photo : warhead]

Qu’est-ce qu’un article scientifique ?

C’est le sujet d’une série de billets publiée sur le blog Journalology l’an dernier, qui propose :
– une définition, un périmètre, des objectifs What is the scientific paper 1 : observations
– un problème : les revues scientifiques What is the scientific paper 2 : what’s wrong ?
– un enjeu : l’évaluation (et les indicateurs qui vont avec) What is the scientific paper 3 : the metrics
– un enjeu : l’accès (aux contenus et aux données brutes de la recherche) What is the scientific paper 4 : access
Intéressantes réflexions sur ces questions, quoique focalisées sur la recherche en STM (sciences, techniques, médecine).
[photo : Kaare]

Le marché du mardi, n°44

DOC ELEC STUFF
– Thomson lance son probable concurrent à SciVal d’Elsevier, Research in view
– Les étudiants râlent parce qu’ils doivent traquer dans les versions papier les numéros de page des références trouvées dans les bases de données, certains seront peut-être contents d’apprendre qu’Amazon a ajouté cette fonctionnalité à ses Kindle.
– Un intéressant comparatif de 4 outils de gestion de références bibliographiques dans le dernier numéro du RUSQ
– Un autre comparatif Scopus / Web of Science Part 1, Part 2, chez Intellogist.
OPEN STUFF
OpenCourseWare Scholar : des cours en ligne du MIT, ouverts à tous – de la formation continue « first class », quoi…
– Un mini guide pour passer une revue en Open Access, par les responsables de la revue Research in Learning Technology
– D’ailleurs ça y est, la revue professionnelle College & Research libraries passe au libre accès ce mois-ci.

DIVERS STUFF
– une BU d’Hambourg catalogue des vidéos d’Helmut Schmidt sur YouTube
– Tout savoir de l’inflation pour les enseignants ? C’est possible, avec the classroom economist une initiative de la banque fédérale d’Atlanta, qui présente chaque trimestre une notion économique, avec vidéos, quizz et powerpoint à l’appui.

C’EST CADEAU, CA ME FAIT PLAISIR STUFF
– Toutes les revues en sciences de l’éducation de chez SAGE sont en accès gratuit (après enregistrement) en avril
– Une dizaine de ressources de chez Gale est en accès libre à l’occasion de la semaine nationale des bibliothèques organisée par l’ALA, du 10 au 16 avril.
– Heureux possesseurs de Kindle, vous cherchez des e-books ? ereaderIQ est fait pour vous : vous y trouverez la liste des e-books gratuits sur Amazon, mais aussi un système d’alertes pour vous avertir des baisses de prix.
[photos : roitberg]

et les bibliothèques ?

« Les bibliothèques n’ont aucun sens dans le futur », a déclaré Shatzkin depuis la tribune dans une bibliothèque datant de 1828. « Quiconque a accès à internet a déjà à sa disposition bien plus d’ouvrages que dans cette bibliothèque », a-t-il souligné. « Nous n’avons pas besoin de bâtiments. Il y aura une demande constante de bibliothécaires, on aura besoin de leurs compétences, tout comme on aura besoin de celles des éditeurs. »
Mike Shatzkin in Montreal: Libraries don’t make sense anymore. Puis précisions, suite aux réactions produites par ces déclarations :
« Dans un monde rempli d’e-books, ce que le nôtre sera dans 10 ou 15 ans, les livres imprimés n’auront pas complètement disparu ; mais ils seront soit « exotiques », soit très spécifiques. Ils ne seront plus un moyen banal ou ordinaire de fournir du contenu comme ils le sont aujourd’hui.
Je m’attend aussi à un monde dans lequel nous aurons tous accès à / nous possèderons tous de nombreux écrans. Avec ces écrans, nous aurons aussi accès à un grand choix de contenus, comme ce que nous montre internet aujourd’hui. Mon intuition est qu’à ce moment là, notre abonnement à internet « standard » incluera un accès à plus de livres qu’il en existe dans la plupart des bibliothèques aujourd’hui, et des tas d’autres pour un coût supplémentaire symbolique ou parfois conséquent. Nous devrons choisir un (ou deux) écran(s) à transporter en partant le matin (ou pas : il sera possible d’emprunter des écrans chez Starbucks et dans le hall de l’hôtel et dans la salle d’attente du dentiste), mais nous aurons de toutes façons accès à des contenus où que nous soyons et à n’importe quelle heure. Comme le même écran nous fournira nos outils de productivité personnelle (le billet de blog que je suis en train d’écrire, la liste de courses chez le fromager avant de rentrer), nous connectera à nos comptes en banque, et, bien sûr, à nos agendas et à l’itinéraire pour la fête à laquelle nous serons censés nous rendre le soir, le stockage d’informations supplémentaires – que ce soit un livre, un magazine, un journal ou un carnet de notes – sera un anachronisme depuis longtemps dépassé.
L’objectif de base – l’objectif fondateur – d’une bibliothèque […], est de fournir un accès à des choses imprimées. Même la bibliothèque de quartier la plus petite a certainement abrité plus de contenu que n’importe quelle bibliothèque personnelle et, dans la plupart des cas, bien plus que ce qui serait disponible chez n’importe quel libraire. A l’origine, ce sont les livres qui ont défini la bibliothèque et ont attiré les lecteurs. Lorsque nous aurons tous accès à plus de livres sur nos écrans que ce que celle-ci contient, quel sera l’intérêt de la bibliothèque ? »


It will be hard to find a public library 15 years from now
, The Shatzkin Files.

Must-have de 2014

Les technologies indispensables qu’une université devra proposer en 2014, selon Josh Kim sur Inside Higher Education :
– une solution d’enregistrement vidéo des cours magistraux (a minima) : les étudiants s’attendront à pouvoir revoir une séquence du cours difficile à appréhender
– une version mobile de la totalité des enseignements proposés : on consultera autant voire plus les contenus depuis un terminal mobile que depuis un ordinateur
– un système de gestion des contenus à la YouTube : parce que les environnements pédagogiques ne sont pas prêts pour recevoir de la vidéo
– des outils standard de création de contenus : les étudiants devront pouvoir rendre leurs devoirs sous des formes électroniques enrichies.
[photo : pixy5 /Babushka]


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